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Nouvelles: Bienvenue sur le forum de PROPHEZINE.
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ORACLES 3 est en relecture finale avant lancement impression !!!

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Messages - Mirandir

Pages: [1]
1
Super bonne nouvelle ! :-D

Je pense que certaines personnes sont mortes, littéralement malheureusement, en attendant lol

Je réitère ma proposition d'aide, quelle qu'elle soit, pour achever cette oeuvre décennale.


3
Non ce n'est pas clair :

Citer
le bilan est simple :

- on ne peut faire n'importe quoi avec le droit des auteurs et illustrateurs (certain s'étant opposé à une simple publication PDF...)

Donc impression obligatoire j'en déduis.

Citer
- donc mettre en œuvre une impression papier n'est pas chose aisée surtout sans être imposé sur le sujet...

Imposé au niveau fiscal ?

Citer
- en plus pour ne pas simplifier les choses nous avons du entièrement refaire le pdf de A à Z (il est à présent finalisé à 95%) en faisant bosser dessus :
* une maquettiste bénévole
* des illustrateurs tous bénévoles
* des relecteurs bénévoles
* ainsi et sans oublier Bruno, Willy et moi-même qui avons donnée de notre temps et argent pour constituer ce projet.

Donc il reste 5% à faire ? A quoi correspondent ils ? Quel est la difficulté ? Est ce une question de temps ? En quoi peut on aider ? Quelles sont les compétences, connaissances, ressources nécessaires dont vous avez besoin ?

Citer
Bref si je devais choisir en fin d'année de clore le dossier ce ne serait pas de gaieté de cœur croyez moi
Mais à un moment si rien ne sort du sol il faut y laisser :(

Mais encore une fois nous avons 4 mois devant nous pour nous sortir les doigts du C.... :)

Citer
Un constat qui est clair les fans s'essoufflent cela se voit clairement sur les statistiques du forum officiel et ceux qui réagissent aux annonces.
De plus lancer un tirage pour 150 personnes ou 50 ce n'est pas la même chose, et je le rappelle le fait de monter le projet pose problème car impression.

Combien coûte 50 impressions ? Combien coûtent 100 impressions ? Pourquoi ne pas commencer par 10 20 ou 30 exemplaires, j'avais donné il y a quelques mois un lien pour de l'impression à la demande qui donnait 3770€ pour 1000 exemplaire en 80g, quid de cette solution ?


Citer
Nous avons déjà fait appel à la communauté pour les impressions donc oui nous demandons de l'aide là où nous pouvons en demander.
J'essaie de remobiliser les troupes actuelles car je sens bien que cela ne va plus pour finaliser ce projet.

Et enfin passer à autre chose pour PROPHECY sans ses contraintes de droits

Après cet appel est aussi pour la communauté pour qu'elle continue de créer et proposer des choses sur PROPHECY, car on le voit depuis de nombreuses années peu de fans proposent de nouvelles choses  (Sur Prophezine ou ailleurs)

Pour conclure de quoi avez vous exactement besoin pour conclure cette affaire avant noël 2017 ? Si quelqu'un finissait les 5 derniers % du PDF et trouvait une solution d'impression pour 100 exemplaires est ce que ça pourrait être lancé demain ?

4
Ce qui me gène le plus c'est l’opacité et le flou dans lequel nous sommes depuis 10 ans.
Pourriez-vous être plus précis ? De quelle somme auriez-vous besoin ? Qu'est ce qu'il vous manque exactement ? Quels sont les pierres qui bloquent?
Pour ceux qui connaissent déjà l’intégrité d'Oracle III je comprends qu'il n'y ai ni urgences, ni certitudes ; mais pour les autres, qui attendent ses informations depuis presque une demi-vie, même la solution de l'impression sur une feuille de choux est une immense joie en soi..


6
J'ai travaillé pour un imprimeur qui a crée un portail en ligne pour imprimer de 1 à 1 million de livres à la demande : http://www.firmin-didot.fr/


j'ai fais une simulation de devis pour 1000 exemplaires de 300 pages A4 avec couverture reliée et papier de qualité 80g, ça nous donne 3770 euros soit 3€77 l'exemplaire.

7
Créations / Re : [Nouvelle] Seconde Partie
« le: 05 janvier 2015 à 08:43:59 »
Merci ^^ Je me disais bien qu'il y avait une place idoine :)

8
Créations / [Nouvelle] Seconde Partie
« le: 03 janvier 2015 à 18:34:39 »
Koryanne Nolyr avait entre les jambes ce qui semblait être un croisement entre un pur sang Zûl et pomyre. Il était en bonne santé, reposé et bien nourri.  Le museau était incontestablement busqué mais l’étalon semblait infatigable. Cela faisait des heures maintenant qu’elle chevauchait à vive allure sur l’ancienne voie impériale molyare. Le demi-sang avait une foulée souple et fougueuse qui la mènerait à Sylph en moins de 2 jours. Il était jeune, puissant, avait le poil luisant et la robe d’une sombre couleur rouan. Elle était une femme aux talents multiples, avec un caractère à la fois maniable et obstiné.  Elle avait la jambe longue, la main adroite, le doigt léger, la langue subtile. Ses cheveux, pareils à une fourrure du plus beau noir, étaient plantés bas sur son front, rejetés bien en arrière, juste au-dessus des sourcils. Ses yeux au regard perçant, son long nez aquilin et sa bouche amusante donnaient à sa figure quelque peu inclinée et osseuse une expression de vivacité, de candeur et de bonhomie. Elle avait connu bien des vicissitudes qui lui avaient enseigné la souplesse, une discrétion avisée, une maîtrise composée à la fois de bravade et de dissimulation. Originaire du royaume arboricole, elle avait fait de la fragilité apparente de sa constitution une force. N’hésitant pas en jouer - comme nous avons pu le constater, sur ses malheureux compagnons de fortune.

Les nombreux autels dédiés au dragon du vent qu’elle commençait à croiser le long de la route lui rappelaient constamment qu’il y avait encore un obstacle d’importance entre elle et la poursuite de sa quête ; la barrière d’octroi pour acquittement de taxe de circulation de cette voie surveillée payante. Celle-ci était régie par une guilde de mercenaire à la solde d’une puissance marchande pomyre. Cet étalon qu’elle montait  avait un propriétaire et étant mage elle-même, elle se méfiait grandement des moyens mis à la disposition des simples citoyens à l’intérieur de cette magiocratie démocratique qu’elle connaissait si bien.  La partie Nord de la Pomyrie était particulièrement surveillée par les monteurs d’autruches et elle n’avait que peu de gout au cachot ou au bagne. Elle abandonna la monture, ajusta sa capuche et se mêla à un groupe de 17 pèlerins.
                                                                                               


                                                                                    ***
 

Une main halée sort d’un ravin, agrippe la terre dans un spasme frénétique. C’est le jour.
Une âme en peine tourne autour d’un corps sans vie. Puis s’accroche à ce corps mouvant qui la dépasse, qu’elle semble reconnaître.  Marduk ne sait plus qui il est mais l’âme du rapace l’ignore.



 
                                                                                    ***



L’œil de Khy et le cœur de Kalimsshar sont hautes dans le ciel nocturne et sans nuages. La vue est dégagée, l’horizon lointain. Une légère brise, fraîche pour la saison, courre sur la ville. Demain sera le premier jour du vent de l’augure de Szyl et Bénédicte le Borgne ne raterai cela pour rien au monde. Ainsi que ses bagues hors de prix le montrent avec force et ostentation, ce dignitaire de la caste des commerçants a fait de Sylph son petit royaume personnel. Bien que n’ayant aucun don magique il en a le commerce à sa botte et son avenir semble sans limites. Il sait peindre, il sait cuisiner. Il se voyait comme un homme compétent et accompli.  Ce petit bossu d’une quarantaine de cycles blancs originaire des fanges du Royaume de la Pierre avait toujours voulu devenir riche. L’humiliation d’avoir été poussé à l’exil par ses pairs était un venin qui abreuvait ses veines d’une énergie et d’une force qui faisaient l’admiration et l’envie de ses employés. Il était su que ce petit homme avait été envoyé vivre chez sa tante après le malheureux accident qui lui avait coûté l’œil. Un bossu passait encore pour sa famille mais qu’il fut borgne de surcroît les amenèrent à se débarrasser de lui afin de ne pas devenir la risée de leur voisinage. Il était su que la perfection physique représentait une des plus grandes valeurs de la société kernite. L’union fait la force et la cohésion passe par l’uniformité.  Il n’avait jamais voulu être protecteur mais raffolait particulièrement défoncer les petits derrières de jeunes miliciens fraîchement débarqués de sa cité natale. Eux aussi aimaient ça et sa femme aimait regarder. Un rictus sans aménité barra son visage tandis qu’il sortait sur sa terrasse dominant la ville. Ma vie est d’une joie sans fin et je remercie Khy pour cela. Grand Dragon des marchands puisse tes ailes me porter bonheur demain et il jeta un drac d’or par-dessus le balcon. Une étoile brilla haut dans le ciel.


Il huma l’odeur particulière de la brise qui souffle de la forêt de Solor. Il pensa à tous ces hommes qui demain s’activeraient pour lui, chétives fourmis, pour des parts de miettes.  Une tiède torpeur le saisit sous la fraîcheur de la brise. Il pourrait mourir maintenant tellement il était heureux. Il était vêtu à la mode opulente et raffinée pomyre. Sa large toge flottante, ample et recouverte de dentelles, rubans, broderies, bijoux, boutons, pierreries et autres artifices magiques représentait le summum de la prestance. Les couleurs principales étaient vives et parsemées de sources secondaires multicolores ; bien que toutes rappelaient d’une manière ou d’une autre le grand Dragon tutélaire de la cité. Il arborait également de nombreuses incrustations de saphirs ci et là, dont certaines représentaient le salaire d’une vie.


Il avait apprit le secret des mots et leur pouvoir et aimait s’en servir.  Il en usait et en abusait mais sous son égide l’économie de Sylph était florissante. Il faisait partie d’une puissante guilde marchande et était un membre respecté du conseil de la ville et ne comptait surtout pas s’arrêter la ; son prochain coup d’éclat ne pouvait que le mener à faire partie des instances dirigeantes de sa caste. Il semblerait qu’un artefact molyar ait refait surface dans la forêt. S’il parvenait à se l’accaparer et à en tirer les secrets quels profits ! Quelle fortune ! Quelle gloire l’attendait ! Prince-marchand, voire devenir le conseiller de Khy en personne, rien lui ne semblait trop beau. ..


Il réintégra sa chambre sous les étoiles - formidable concrétisation d’un morceau de songe rendu réel par le pouvoir de l’argent et  sombra dans un sommeil profond ; un véritable héros est une personne qui a le courage de vivre dans ses rêves.

 
                                                                                                *****
 

L’homme se dépouilla peu à peu de toutes ses possessions et ramassa négligemment le pagne rouge traînant à terre non loin. Il monta sur un cheval blanc et disparu rapidement à travers les immenses champs dédiés à l’agriculture faisant la richesse de la Pomyrie.

 
                                                                                                 *****



Les gens du peuple ordinaires leur cédaient le passage avec joie plutôt qu’avec un froid respect. Des marchands sortaient de leurs échoppes pour leur offrir ce qu’ils avaient fait de mieux, et des enfants,  bouche bée, risquaient un coup d’œil de derrière les pantalons de leurs mères, pour pouvoir voir passer ces personnages hors du commun. Détenteur du secret de la vie et de la mort, initié des Arts Anciens et adepte de l’enseignement de Galigan le prodige, Brahodaran était la mante religieuse du groupe, impitoyable et extrêmement efficace. Venait à sa suite Silas, dont la cape flottait au vent telle une orgueilleuse banderole, voyageur infatigable, brise du cycle de Moryagorn guidant la compagnie dans son périple. L’Ange Noir, sorcier dont la recherche effrénée de lucidité avait abouti et brûlé les ailes ; songe onirique élu des rêves et joueur de flûte occasionnel. Il fermait la marche. Faisaient également partie de ces personnages hors du commun un garde métallique répondant au nom de Cyrulnik et son artisane tutélaire, Nadia. L’air que jouait le sorcier parlait d’amour perdu. D’un amour perdu puis retrouvé et perdu à nouveau. Et de la douleur de n’avoir plus que la mort pour compagne. Du fait d’avoir traversé des mondes, bravé les éléments, combattu des monstres. D’avoir sacrifié sa vie, sa famille et sa raison en une quête aussi futile qu’incontournable. Ses notes guidaient leurs pas alors qu’ils avançaient en silence, preuve d’une camaraderie aussi longue que certaine. Leur entrée en ville, bien que remarquée, se passa sans encombres. Leur renommée étant suffisante pour ne point qu’on les dérange. Ce ne fut qu’une fois arrivé devant le palais de leur employeur que les troubles commencèrent.


Bénédicte le Borgne allait les recevoir. Mais ils allaient devoir patienter.



 
                                                                                                *****



Son sourire tranquille disait qu’il savait tout. Il savait à l’avance ce qu’elle allait dire et pourquoi, connaissait ses rouages intimes, ses leviers mentaux mieux qu’elle, et pour des raisons à lui qu’elle ignorait et ne comprendrait jamais, il était prêt à les faire agir. Koryanne était à la merci de ce petit homme trapu. Il en avait fait son esclave le temps d’une conversation.

« Je vous prie de me laisser à présent. Vous trouverez de quoi vous rafraîchir ainsi que des vêtements de rechange dans la pièce adjacente. Si vous avez besoin de quoi que ce soit un serviteur s’occupera de vous »

Elle se leva dans un état second et fit selon ses ordres.

Par les foudres de Szyl ! Le temps qu’elle m’a fait perdre cette sotte… Je vais devoir recevoir mes invités sans interruption ni accalmie, mais le fait qu’elle soit venue à moi me sera tout de même utile, voire profitable.  Il les fit quérir.

En attendant il s’installa du mieux qu’il pu dans son salon de réception. Une épaisse moquette rouge couvrait avec amour un sol de dalles en marbre ‘chocolat noir’ de Jaspor. Le feu dans l’âtre du centre de la pièce était savamment entouré de plusieurs sofas bleu roi et d’un canapé en toile de cocon et cuir zaal recouvert d'une peau d’ours. Des peintures de maîtres sont accrochées sur les murs en bois précieux et de l’encens diffuse une fraîche odeur de fleurs.  Des arabesques de lumières incandescentes d’artistes locaux et de nombreuses plantes exotiques complètent le décorum.  La pièce est vaste et aérée. Elle dégage un sentiment de pouvoir, de maîtrise de soi et d’accessibilité. Soudain ‘Eagle’ son petit lézard mange-pierre domestique courre se réfugier dans ses pieds, rapide comme l’éclair. Un dragon des vents adulte venait d’atterrir sur la terrasse.

Il se mit à son aise et colla un œil contre la vitre. Bénédicte le borgne s’inclina avec ferveur et dévotion suivant un protocole multimillénaire. On y sentait une certaine habitude voire de la familiarité.



- Que puis-je pour vous Maître ? demanda t il dans un langage draconique des vents parfait.

Il avait cette vitesse et cette clarté d’élocution typique des habitants de la Pomyrie. Le temps qu’il relève la tête le dragon avait déjà prit forme humaine.

-Il me semble que tu attendes la visite de mercenaires, je suis venu assister à votre rencontre.

Voila qui était tout aussi inattendu que propice. Bénédicte le pria de s’installer le plus confortablement possible tandis que ses invités étaient introduits dans la pièce. Les présentations furent faites et chacun se mit à sa place.

 Il y avait deux statues sur le bureau ; l’une représentait un dragon des vents et l’autre un enfant de Nenya. Une armure antique de noblesse militaire molyare trônait dans un coin. Elle se vantait d’appartenir au fondateur de Sylph et Bénédicte ne l’avait jamais contredite. Cela était du meilleur effet sur ses visiteurs et les tentatives de vol se succédaient allègrement sans succès.

Alors Bénédicte se mit à parler ; Il avait cette réserve dans l’attitude et cette économie dans les mots de langage typique des Zûls. Il agrémentait de plus ses phrases de gestes à la galyrs. Son auditoire du rapidement captivé.

- Certains hommes sont revenus brisés à tout jamais de cette forêt, quand ils en sont revenus. Vous avez encore la possibilité de renoncer. Avez-vous ce qu’il faut ?
- Nous ne serions pas là le cas contraire.
- Très bien. J’ai ici là les cartes dont vous aurez besoin. Sa lourde main baguée se posa sur un ensemble de parchemins qu’il tendit à Silas. Celui se leva pour les acquérir.
- J’ai également les dracs.  Il appela son secrétaire qui apporta avec diligence une bourse qu’il remit au voyageur.  J’aime veiller sur mes intérêts ; un de mes agents vous accompagnera.
- Ce n’était pas prévu ! Nous ne travaillons pas ainsi ! Se récria Cyrulnik. Silas et Brahodaran se consultèrent du regard, l’Ange Noir jouait quant à lui avec ‘Eagle’. Nadia semblait être absorbée dans la contemplation de l’armure molyare.
- Et pourtant il en sera ainsi.
- Au temps pour moi.

Le dragon des vents se leva, passa dans la pièce voisine et revint rapidement accompagné de Koryanne Nolyr.

- Mais vous êtes … S’exclama Silas.
- « J’étais » le guide de la liberté de l’imprenable Griff oui. Dit-elle avec un demi-sourire.  Le Citoyen Dignitaire Bénédicte bénéficie à présent de mes services.  Ainsi que des vôtres également. Camarades, et si nous examinions ces cartes ?
Ils dégagèrent une des tables flottantes et étalèrent les cartes dessus. Silas repéra immédiatement quelques incohérences, le dragon des vents les corrigea. Ils estimèrent quel serait le meilleur trajet ainsi que les fournitures dont ils auraient besoin. Bénédicte partit en compagnie de Nadia faire les achats nécessaires. Brahodaran et Cyrulnik évaluèrent les forces qu’ils allaient devoir affronter et en firent le compte-rendu au sorcier. Celui-ci était légèrement flou.



                                                                                *****



« Le temple draconique de Sylph, dressé fièrement au centre de la ville, est une tour en vent élémentaire, riche en balcons et fenêtres, à la fois massive et aérienne. Lieu de culte, résidence du pouvoir, sceau de l’écheveau magique d’un canevas de protection dédié à la forêt de Solor ; elle est bien plus encore. Le sommet de la tour est constamment masqué par des nuages et de nombreux phénomènes météorologiques de la plus haute importance (De la tempête tropicale au cyclone en passant par ouragans et typhons) sans que cela n’ai jamais eu la moindre incidence sur le reste de la ville mais semblant indiquer que de nombreux enfants du vent y auraient élu domicile. » La Pomyrie et les courants de l’histoire vol. VII

Il est un temps, dans la vie de certains hommes, ou chaque mot peut être l’incarnation d’un souvenir, et la lecture par conséquent, devient difficile voire impossible… Silas referma le bouquin et le remit à sa place sur l’étagère. Il rejoint ses camarades. La pétillante Nadia était déjà de retour et son enthousiasme était communicatif comme toujours.

De nombreuses personnes étaient mortes pour réunir les informations réunies sur ces cartes. Mais la position présumée de l’artefact était profondément située dans la forêt de Solor. L’objectif de leur mission divisait profondément les compagnons réunis autour de l’âtre. Surtout que la nature même de l’objet leur était toujours inconnue.

« Toi, Silas, épargne moi le moindre baratin et dis-le, n’allons nous pas tout simplement vers notre mort ? » demanda Cyrulnik d’une inflexion d’acier

« Il est su que plus l’on s’enfonce dans Solor, plus on s’en approche mais n’est ce pas déjà ce que nous faisons tous les jours ensemble, intrépides,  décidés ? N’avons-nous pas choisi de profiter de ce voyage et d’en tirer les peines immenses et les joies démesurées qu’il contient jusqu'à ce que cela finisse ? » Lui répondit Silas

« J’ai entendu dire que certains oracles prophètes pouvaient prédire l’heure funeste et les circonstances exactes de la mort d’un individu » nota l’Ange Noir

« Tu touches là la corde de ma crainte, répondit Cyrulnik. Je t’écouterais de trois oreilles si je les avais. Nous recevons le bruit de ce que nous craignons sans savoir ce que nous craignons. Ne sachant pas de quel coté nous devons agir. N’ajoutons pas à l’incertitude des événements celle de nos propres volontés » conclu le garde métallique. Et il s’enfonça dans le canapé. 

Le dragon des vents  tourna ses yeux d’un bleu glacé vers Brahodaran :

« Nous savons qui vous êtes prodige. Et je devine la question que vous allez me poser.  Mon nom est Kadrale, ‘faiseur de pluies’, et les dragons ne peuvent plus s’approcher de cette forêt. Nous avons déjà essayé et je suis donc là en tant que simple observateur. Mais je vous servirai de guide, aussi loin qu’on me le permet »

Le feu dans l’âtre crépita.
 

                                                                                *****



Elle était fascinée, épouvantée, transportée. Jamais elle n’aurait pensé connaître pareille expérience. Elle avait grandie et vécue dans un univers presque totalement exempt de menaces ; à moins de faire des choses complètement stupides, par exemple se jeter dans la gueule grande ouverte d’un dragon. Il n’existait tout simplement pas de force naturelle assez puissante ou assez expérimentée capable de la menacer. Même un dragon, en fait, ne représentait pas une si grande menace, quand on savait comment le prendre. Cette chose-ci, par contre, était entièrement différente. Elle n’avait rien vu de tel depuis - les heures les plus sombres de la première croisade. Elle se mit à caresser la sphère flottante, immobile, et frissonna de plaisir.

 
                                                                                *****
 

Kadrale
Le groupe aussi compact que décidé quitta Sylph de bon matin en direction de Solor et aborda une route dont le revêtement se soulevait par endroits sous la poussée d'une étonnante végétation rampante, formée de lianes aux racines ramifiées. Il y avait également des fleurs énormes un peu partout. Des fleurs. L’orée sombre d’une forêt. Un épais sous-bois. Il entendit aboyer un chien. Cela ressemblait à un renard. L’animal le dévisagea avec curiosité, puis détala en direction de la forêt.

J’entre dans la forêt et le groupe de ‘statues’ me suit. Ils sont raides et figés. Cette forêt primitive, indistincte, immense, trompeusement attirante mais réellement menaçante.  Jamais il n’eût seulement imaginé pareils végétaux. Ce sont d’énormes tiges bleues ou rouille, ornées de bouquets d’aiguilles serrés, broussailleux et certainement mortels. Certaines se courbent à leur sommet telles des fougères géantes, d’autres s’ouvraient en dômes fongueux évoquant des tasses ou des bulbes, comme les toits de certains temples. Entre elles ne subsistaient que des espaces aussi sombres et étroits que des terriers de blaireaux, envahis d’une brume épaisse. Une odeur de pin flottait dans l’air, assortie cependant d’une amertume inattendue, étrange, rappelant le menthol ou le camphre. La canopée était inquiétante, les frondaisons opaques.

Une forêt n’aurait dû avoir ni cet aspect, ni cette odeur, ni – pire encore, peut-être – cette sonorité.

Aucuns bruits familiers ici, ni rien de semblable. Sans doute les troncs étaient-ils creux – les arbres paraissaient vides, tels des brins de paille – car un atmane y jouait de longues notes basses et mélancoliques. Je le saluai d’une douce brise et lui fit parvenir d’un souffle un de mes cheveux si bien travaillé. Quant aux bouquets d’aiguilles, ils cliquetaient faiblement, comme des carillons de bois. Comme des os. La végétation m’était inconnue et la faune que nous avions aperçue vivait dans les plus hautes branches. Pourtant, cette luxuriance inextricable recèle pour qui sait la voir une réelle beauté. Le soleil qui filtre à travers le dais des branches baigne d’une lumière tamisée, mouchetée, les draperies duveteuses des mousses qui pendent des lianes. Tantôt, je les maudis à Ozyr en me débattant dans leurs rets, tantôt je les admire telle une dentelle d’un vert sombre de Temeth. Puis je sens qu’il est temps pour moi de partir, de ne plus me mêler à leur quête. Je me détache petit à petit, et finit par m’envoler puis disparaître.



Silas
Cela faisait quatre jours maintenant que la présence écrasante de tant de vie primordiale les avait engloutis. Brahodaran, vétéran de Solor, menait la marche. Ils s’enfonçaient dans les profondeurs de l’orgueilleuse forêt, sous la pluie, dans une boue tiède et gluante, trempés jusqu’aux os. Ci et là les squelettes d’explorateurs malheureux mettaient leurs nerfs à rude épreuve. Il avait le sentiment d’être à la poursuite de quelque but inaccessible.  Prisonnier de leur invraisemblable cauchemar, Silas perdait peu à peu contact avec la réalité, avec la certitude qu'en s'enfonçant dans cet univers aberrant, c’était dans le cerveau dérangé de quelque dragon malfaisant qu’il entrait. L’atmosphère était quasi mystique, envoûtement difficile à éviter.  L’image fugace d’un retour au pays, ou l’attendaient des quantités inépuisables de victuailles et de vins, ainsi que de chaudes étreintes avec des femmes nobles, superbes et consentantes le traversa. Pour se perdre dans la brume.

De temps à autres, l’ange noir invoquait de minuscules créatures oniriques, multicolores, qui se dispersaient dans les environs afin d’explorer les alentours. Elles revenaient, une à  une, lui chuchoter à l’oreille leurs trouvailles. Aujourd’hui dans un marais fétide je suis tombé sur une créature qui pendait d’un enchevêtrement de feuillages ; semblable à une scolopendre mais gras comme un anaconda, et du même jaune maladif que les roseaux. Camouflage, probablement. Il fut à la fois saisi de terreur et frappé par sa beauté. Intéressante, d’une horrible manière. Il pensait que la créature allait fuir.

Ce qu’elle ne fit pas, et certaines leçons coûtent la vie. Elle fonça vers lui à une vitesse folle pour s’enrouler autour de sa jambe droite en un seul tortillement soudain, à l’image d’un ressort se détendant brusquement. Le voyageur eut conscience d’un picotement chaud et d’une pression, lorsque la créature perça le tissu du pantalon, puis la peau au-dessus du genou, de son museau effilé telle une dague.

Elle l’avait mordu !
Il secoua la jambe en hurlant, à la recherche de quelque chose pour détacher le monstre, un couteau, une branche ; mais il n’avait sous la main que son arc.

 Puis ce furent des milliers de petites aiguilles qui s’enfoncèrent dans sa jambe.



Le Sorcier
Dans un monde idéal les forts seraient justes et les faibles en sécurité...  Ce soir là c’était un faible et honnête paysan qu’il aurait aimé être et non l’élu de Nenya aux multiples visages et à la flûte enchantée. Deux semaines qu’il n’avait plus vu les étoiles. Seulement un océan de verdure infini et hostile. Le soleil déclinant, un crépuscule au rouge profond et de longues ombres noires envahissaient la forêt, prêtant aux épais taillis d’arbres noueux des formes quelque peu menaçantes et sinistres ; longtemps avant la tombée de la nuit, la Forêt de Solor emprunta tous les aspects d’une forêt nocturne. Loin de lui ôter de sa beauté, le demi-jour en rehaussait la grandeur, imprimant à son charme un caractère encore plus sauvage et plus sombre, lugubre. La nuit, les étoiles ne sont plus. Brahodaran, le vénérable prodige, avait trouvé dans l’immensité sylvestre une clairière, où il construisit un petit feu. La mage était partie chasser sous les arbres les plus proches, tandis que Cyrulnik et Nadia, encapuchonnés et sinistres, nourrissaient les flammes de petit bois. Les compagnons se serraient l’un contre l’autre, leurs fourrures luisantes, une vapeur épaisse s’échappant de leurs narines. Encore des champignons..



Lui, s’isole égoïstement. Ces bois étaient étranges. Il s’isole. Et des gens étranges y vivaient. Les visions étaient toujours persistantes ; elles faisaient parties de lui à présent mais C’était arrivé la nuit précédente. Il entendait chantées dans ses éeries les sagas d’un passé ancestral. Mais il n’en avait parlé à personne. Le code du rêveur disait que ce qui était dans le rêve n’en sortait pas. Cette nuit là il avait été réveillé par le même son, triste et long, et son cœur avait flanché comme cela arrivait parfois dans ces rêves. Seulement, ce n’était plus un rêve. Ses épaules s’étaient immédiatement couvertes de sueur et il s’était mis à courir. Il était poursuivi dans ce monde et dans l’autre.



La cité des démons était en pleine construction.
Bien que les démons n’eussent pas encore jailli de leur puits, les rues étaient animées, cette fois par des hommes possédés des démons. D’anciens prodiges, des démons : comme les Anciens qui se rassemblaient dans la forêt d’Emeraude, étaient morts à Yyprès, à Ennram ou en mer – morts dans un monde, vivants dans un autre. Ils servaient de conduits au transit entre les Archives et les Anciens. Individus sans scrupule, ils constituaient pour les démons des réceptacles parfaits. C’étaient les futurs défenseurs de la cité des démons, armés, eux aussi, évidemment. Ils arrivaient, seuls ou par deux, depuis des mois. Il était l’un de ces démons, il avait un nom, un destin ; servir d’accès aux archives des Anciens. Il alla se jeter dans le puits, au son des tambours. Au son des Tambours ; boum, boum. Boum, boum. Les démons, ils étaient partout, les démons, avec leur œil unique, des centaines, des milliers d’yeux noirs et démoniaques le fixant, tout autour, s’approchant. Il n’avait plus nulle part ou aller.

Koryanne
Nous n’étions plus que quatre. Des millions d’arbres muets se dressaient autour de nous comme les soldats muets d’une armée irréelle. L’Ange Noir avait disparu la veille, nous avions passé des heures à le chercher, à appeler son nom en vain dans des sous bois douteux. Un univers à part où grouillait une vie misérable, une dimension quasi miraculeuse au cœur d'un entrelacs de lianes géantes. Nous avions découvert des ruines non indiquées sur la carte. Le lierre montant à l'assaut de murs, déjà mangés par une lèpre malsaine. Des fougères géantes poussant au milieu des pierres et des ruines. Brahodaran, fier et puissant, hautain et pédant, commença à se bagarrer contre les essaims de moustiques qui assaillaient leur groupe. 

La cité antique était en forme de cadran zodiacale et couverte d’une forêt noire d’arbres calcinés, de ronces hallucinantes et de bouquets d’un grand végétal à l’écorce blanche, aux feuilles épaisses, pour lequel le prodige lui-même n’avait pas de nom.

« Je sens une grande force émaner de ces ruines. Une place forte molyare se dressait là», déclara Nadia. Elle était devenue pale et nerveuse.

Le prodige lui dit de faire attention à ce qu’elle mangeait. Toutes les plantes et un certain nombre d’oiseaux et d’animaux étaient susceptibles d’être toxiques, narcotiques ou les deux. Mais pour qui se prenait ce vieux sage avec ses airs efféminés. Toujours à la ramener.

Mais contre toute attente, peut être par fierté mal placée, elle effectua sa part de l’exploration sans se plaindre. Mettant ainsi en danger sa santé.

Au détour d’une ruine peuplée d’ombres inquiétantes je vis surgir plusieurs sortes d’insectes géants à face d’homme. Je sentis la formation d’un souffle glacé dans ma nuque et ma peau frémir.

Leur épais cuir était d’une couleur lilas tacheté de rose.  Les pattes arrières portées par des sabots, les pattes antérieures, couvertes de griffes, semblant finir par des mains de gorilles, une trompe gigantesque terminée par une mandibule acérée d’où une bande noire, passant par le crane, finissait sur l’excroissance munie de cornes qui leur servait de queue. Au dessus du visage poussait une tige au bout de laquelle trônait un troisième œil.

Certains faisaient, que les dents me tombent si je mens, Trois fois ma taille. Alors que d’autres, n’étaient que de minuscules scorpions. Leur chef s’avança vers moi, Tout dans sa posture indiquait la menace et une attaque imminente mais je n’étais pas sans défense, je connaissais le maniement du couteau, de la hache et de l’épée. Elle traça rapidement une rune tout en joignant les pieds. Koryanne Nolyr, Mage de Szyl, Guide de la liberté de l’imprenable Griff, n’abandonnerait pas la lutte même face à une mort inéluctable. Elle sorti son épée tranchante. Abandonnant le reste de ses possessions à terre.

La créature courut sur Koryanne, la mandibule dressée en l’air, et l’abattit d’un coup d’un seul. Un coup susceptible de pulvériser un crâne comme une coquille d’œuf. Mais Koryanne avait déjà plongé sur sa droite et, lorsque la mandibule de l’insecte, fendant l’air en sifflant, s’abattit à l’endroit où avait été sa tête, elle asséna à la patte de la bête un vigoureux coup près de l’articulation, faisant presque se briser le membre. Le premier choc rompit l’atmosphère qui était presque solennelle et déclencha les cris stridents des autres insectes, qui se mirent à agiter leurs trompes.

Tandis que leur chef, se reprenant en une stupéfiante rapidité, relevait déjà sa mandibule au-dessus de sa tête pour frapper un nouveau coup, Koryanne fit tournoyer sa propre épée selon une trajectoire serrée afin d’atteindre la rotule arrière gauche de la créature. Celle-ci trébucha en arrière, évitant le coup, mais la mage parvint tout de même cependant à lui porter un direct rapide à l’estomac avec le pommeau de son arme, au grand dam du monstre. Mais, quand elle ramena son bras en arrière, celui-ci parvint à abattre sa mandibule sur l’extrémité de l’arme de Koryanne, ce qui empêcha celle-ci de poursuivre son avantage.

Les deux adversaires s’écartèrent d’un ou deux pas, tournèrent l’un autour de l’autre quelques instants, puis, presque simultanément, chacun dirigea son coup vers la tête de l’autre : le résultat ne fut qu’un énorme craquement lorsque leurs armes s’écrasèrent l’une contre l’autre. Les spectateurs mugirent leur agrément de ce choc titanesque, bien que ces coups n’eussent pour effet que de secouer les deux adversaires. Firent suite presque aussitôt des coups semblablement parallèles, cette fois à hauteur de poitrine, puis à nouveau une double parade. Se reprenant, Koryanne frappa en haute alors que le monstre venait en basse. Les deux assaillants se virent donc contraints de reculer à mi-course, l’arme sifflant dans le vide. Koryanne était circonspecte.

La créature fit quelques pas rapides en arrière, puis revint d’un bond sur la femme, lançant un coup en direction de la tête, qui fut paré, un coup de taille à la poitrine, qui tomba à nouveau sur la hampe d’acier de l’épée  puis un coup identique de l’autre côté, que l’ancien guide de la liberté fut obligé de parer bas sur son arme, recevant ainsi une éblouissante onde de douleur dans son bras.

Elle tourna alors deux fois Le second anneau de pouvoir du troisième doigt de sa main droite, ce qui eut pour effet de le rendre poussières.

Et exagéra alors sa douleur rompant dans un semblant de désarroi. Désarroi, pendant lequel les insectes aux ridées faces humaines la conspuaient et que leur chef se ruait sur elle de nouveau, mandibule hautement brandie pour le coup de grâce. Mais soudain elle se redressa net, sauta de côté au moment où la mandibule arrivait en une courbe puissante, se tourna et asséna au montre un grand coup à la patte, que celui ci fut juste assez agile pour parer avec une partie dure de son anatomie. La bouche humaine de cet étrange monstre hurla de douleur, tout en achevant cependant son mouvement. Koryanne, d’en dessous, releva légèrement son arme pour parer ce coup violent. La mandibule arriva exactement au milieu de l’épée de la mage des vents, qui l’appuyait délibérément sur le sol pour amortir le coup.

Mais on entendit alors, au milieu d’un bruit franc, un craquement dérisoire de métal brisé. La mandibule avait brisé en deux l’épée, et la mage se retrouvait en possession d’un tronçon ridiculement petit. Une transpiration glacée, à l’odeur acre et forte détrempa ses vêtements.

Le chef des monstres eut alors une grimace de carnassier permettant à Koryanne de bondir sur ses pieds. Lentement, délibérément, sa trompe à hauteur de poitrine, il se mit en marche sur la porteuse de l’épée brisée, qui reculait en zigzaguant. La signification de cette manœuvre était parfaitement claire : le panache n’avait ici aucune place ; le sort avait rendu inutilisable l’arme de Koryanne, et il n’y aurait pas de quartier. D’ailleurs, pensait elle, elle n’en demanderait pas. Si son destin était de tomber ainsi, ainsi soit-il. Elle accepterait héroïquement son sort, luttant jusqu’au bout avec tout ce qui lui tomberait sous la main, même à poings nus si nécessaire. La mort oui, mais pas sans lutte.

Le coup partit, droit sur la tête ; pour tuer. Elle sauta en arrière. Le monstre asséna un coup violent sur les côtes de Koryanne, coup que celle-ci eut grand-peine à bloquer avec son épée brisée; derechef elle fut repoussé en arrière, et perdit l’équilibre. Ce que voyant, l’insectoide en profita pour lever ses pattes avant de les abattre sur la tête de la femme sans défense. À nouveau, elle ne put que tout juste parer le coup avec son moignon d’arme, mais, cette fois ci, la force du choc la lui arracha, et elle se retrouva sans défense. Elle utilisa sa rune de vitesse.

Avec un grand cri bestial, l’insecte à visage d’homme frappa sans pitié en direction des genoux de Koryanne de sa mandibule, l’obligeant à sauter à l’aveuglette en arrière. Ses pieds heurtèrent quelque pierre ou racine, et elle s’étala. Il visa alors encore la tête ; elle évita le coup en roulant sur elle-même, et le bout coupant de la mandibule s’enfonça dans la terre à ses côtés. Ille frappa encore, et une fois de plus elle évita le coup en se jetant de côté. Encore et encore, chaque fois elle évitait les coups mortels, roulant toujours sur elle-même, mais ille était de nouveau immédiatement sur elle ; dessus, ne lui laissant pas le moindre répos, le temps de reprendre pied.

Elle boula une dernière fois, la mandibule sifflant à ses oreilles ; cette fois, elle avait roulé presque sur ses affaires. De surprise, elle perdit quelques précieuses secondes. Voyant cela, ille hurla, brandit ses mandibules au-dessus de la tête et l’abattit suivant une courbe irrésistible.

Instantanément, Koryanne, comme instinctivement, chercha derrière elle et, agrippa l’arc de Silas pour parer le coup. La mandibule frappa le matériau épais et brillant de l’arme légendaire et se brisa instantanément en mille morceaux. La créature hoqueta de surprise, prise de spasmes incontrôlables. Elle recula cherchant une issue, de toutes parts elle n’était entourée que de son armée de monstres. Se dressant alors sur ses pattes postérieures, dans une posture presque simiesque, elle attaqua de nouveau, les poings serrés.

Koryanne encocha une flèche et tira. Puis une seconde. Encore une.



Devant elle, la créature au ridicule visage d’homme était agenouillée, dans une attitude de soumission à la fois noble et cosmique. « Disposez de ma vie comme vous l’entendez, maître »

Elle ramassa au sol l’épée brisée, haletante, le souffle rapide, et l’enfonça profondément à travers les orbites. Puis elle défia du regard toutes les autres créatures aux faces estomaquées présentes.

Toutes se soumirent. Puis se joignirent à elle ; ne formant plus qu’un seul corps.



Brahodaran
Voici Koryanne qui revient de la chasse se dit-il. Brahodaran était un sage, il comprenait le langage des plantes, celui des oiseaux, des poissons et des insectes. Mais cette femme restait un mystère pour lui. Pourtant, se remémorant sa jeunesse, il pouvait affirmer sans s’enorgueillir qu’il en avait connu suffisamment pour s’en faire une idée générale. Elle était accompagnée d’une armée d’insecte et semblait être prise de fièvres. L’atmosphère d’évasion mystique en fut définitivement déchirée. Il était une chose que son grand âge lui avait apprit ; certaines savoirs ne se trouvent que dans l’expérience : L’humilité par exemple, la mortalité ensuite. La fragilité de toute chose dont la vie humaine. Les hommes s’élèvent, puis retombent. Ils s’élèvent et puis retombent. Tout n’est que poussière. Les étranges insectes lui étaient fidèles. Ils trônent dans le campement comme si c’était le leur. Elle survécut. Alors qu’elle commençait à oublier ce que fut sa vie avant la forêt, ils trouvèrent ce pour quoi ils étaient venus. La clairière oubliée. Un style très complexe avec moult détails dans l’architecture. A la manière d’un petit village au plafond bas, des mausolées étaient éparpillés, entourés d’une grille en fer rouillé. Le temps ayant prise sur toute chose, certains sont détruits, recouverts de végétation, abris de quelques créatures sauvages. Mais d’autres subsistent. Une fine lumière filtre de quelques ouvertures dans la canopée qui jadis avec le soleil permettait un éclairage satisfaisant, maintenant la pénombre y a fait son logis. Nombreux sont les mausolées qui ont été pillés, mais certains résistent encore dans ce bosquet. Nous sommes dans un cimetière protéiforme envahit par la brume. Je maudis l’artiste en moi car, lorsque je lève les yeux vers le rayon de soleil oblique qui perce l’entrelacs de branches et de feuilles, je vois dans cet endroit une sauvage et redoutable beauté. Ce n’est qu’une impression mais si je m’y abandonnais, je crains bien que cette forêt ne soit aussi séduisante que le regard impudent d’un voyou. La carte nous indique un tombeau au bout d’un parcours attractif susceptible de déterminer un impact psychologique important. Nous entrerons demain. De ces temps clair-obscur où le jeune peine à naître et le vieux à mourir, naissent les monstres.



Du brouillard émergea une créature anthropoïde massive, aux yeux luisants, au corps long et puissant. Plusieurs mètres de hauteur, une carapace acérée recouvrant la totalité de son corps. Un corps puissant, noueux, aillant l’aspect du métal brut et du dragon. Une peur ancestrale, viscérale les saisit à la vue de ce monstre et à la réalisation de leur mort prochaine. L’ambiance était maintenant lourde d’inquiétudes et seule la fermeté et la détermination du prodige leur permettait ainsi de continuer à chevaucher la cavale du destin. Mais nous n’étions pas au bout  de nos surprises. A sa suite, une sorte de petit dragon noir jaillit de la brume, sans ailes, des écailles chitineuses et muni d’.. Un Syrass !!! Ainsi les mythes n’en étaient pas et la légende disait vrai. Ces abominations existent. Et elles étaient deux. Une troisième sortie de la brume… Brahodaran fit face à la mort bravement. Lui qui avait passé sa vie au contact de dragons de la nature à l’étudier trouverait peut être l’apaisement dans une prochaine vie. Lui dont l'arme pouvait fendre l’air et les pieds ouvrir le sol. Il fit tournoyer son shaadu’kt avant de le caler dans son dos, levant sa main gauche en signe de défi, prêt à se battre et à affronter son destin, quel qu’il soit. Aucune famille ne l‘attendait nulle part. Ses compagnons, ses amis … étaient sa famille ou ce qu’il s’en approchait le plus. Et cette maudite foret les lui prenait l’un après l’autre. Et personne ne saurait jamais comment ni même pourquoi ils étaient morts. Seul son dévouement pourrait sauver ses frères et ses sœurs se dit-il. Autour de lui ; Cyrulnik semblait faire appel à Kezyr, Koryanne tirait déjà de nombreuses flèches tandis que son armée se lançait à l’assaut d’un des syrass mais Nadia, ou était passée Nadia ?



Le Tombeau
Nadia  était une femme d'un courage mâle qui aimait violer toutes les règles. Quelles qu’elles soient. Et dans ses bons jours, elle pouvait avoir la verve d’une ironie mordante. Elle se faufila dans l’entrée béante du mausolée et en descendit les premières marches avec promptitude. C’était une entrée rectangulaire imposante de quelque six mètres de haut et au moins neuf de large. Le tombeau en lui même était une caverne artificielle qui avait été creusée, qui sait combien de temps auparavant, par un peuple de poètes dans du basalte noir de belle taille. Un épais tapis de pétales rouges au doux parfum avait été étalé sur les marches qui semblaient continuer dans des profondeurs insoupçonnables. Des dizaines de flotteurs lumineux dérivaient dans les airs fournissant une douce lumière verdâtre qui illuminait les reliefs picturaux détaillés qui avaient été sculptés dans les murs noirs de la caverne, du sol au plafond.

 Rien dans les informations qu’ils avaient eu n’indiquait de qui était-ce la dernière demeure. Etant elle même artiste elle reconnaissait dans ces fresques un travail de maître. Son corps mince et nu luisait de transpiration, mais elle marchait inlassablement, maintenant une allure cadencée, comme si elle était une proie. Le bruit de sa respiration saccadée et l’écho de ses pas résonnaient dans l’immense caverne.  Son visage arborait l’expression figée des personnes qui savent leur dernière heure proche. Elle pensait à Cyrulnik  son garde métallique, son ancien légionnaire de Kern. Lui qui s’habillait toujours de façon si sobre, au ton si sombre, au langage si polie et aux manières si cordiales et raffinées, à la pensée si pure. Il avait la sagesse née de l’expérience de l’excès comprit-elle soudain. Son grand corps solidement charpenté, basané par les brûlants soleils de nombreuses contrées, large d’épaules et de poitrine, mince de taille, long de jambe.  Mais en même temps une silhouette si lugubre, si sauvage ; ce regard noir et moucheté d’argent tout chargé de misère, d’évènements et de souffrance qui distingue les vieux soldats. Le visage froid comme la mort, sinistre et impassible comme le masque qu’il portait. Ô qu’elle aimait son beau garde du corps…
Même la plus courte interruption dans sa descente incessante, même la plus légère altération du rythme de ses pas, pourrait mettre en danger sa vie. Elle en était persuadée. ‘Nation’ était un talisman que lui avait confié Silas avant de mourir. Il pendait tout contre son cœur et elle le serra avec fermeté. Le talisman sembla répondre à ce contact par une douce chaleur. Rassérénée elle en profita pour examiner plus attentivement les murs du tombeau. Le voyageur, à la culture érudite aurait peut être pu connaitre ce que représentaient ces fresques avec plus de précisions mais Elle cru reconnaître des scènes tirées d’une élégie épique datant de la 1ere croisade « de-Ceux-qui-sont-Tombés » : Sarack l’Immortel, maître du vent, frappé en plein Cœur par la lance de Kalimsshar, Gertyan le Traitre, changé en plomb par Kezyr et balayé d’un souffle de Kroryn, Meryn, la danseuse de lumière, décapitée par son propre amant le chimère Wirrinnaël…Et cela continuait ; Des représentations de triomphes militaires, des couronnements, l’élévation d’un grand monarque sous une averse puissante. Elles semblaient toutes être très bien faites et elle aurait aimé pouvoir les examiner de plus près. Mais une force irrésistible la poussait toujours plus loin, descendant l’une après l’autre les marches noires d’obsidienne. Ainsi tout ce qu’elle vit de ces reliefs ne fut que du coin de l’œil. Quand finalement apparu dans la lumière verdâtre ce qu’elle n’eut pu concevoir dans ses rêves les plus fous.



De toute sa grandeur et sa magnificence royale, se dressait devant elle, la silhouette colossale de marbre patiné couleur crème d’une statue élémentaire, enchâssée dans une grande niche au fond de la caverne. La représentation sculptée faisait une dizaine de mètres de haut, voire plus, une noble statue dont la main gauche reposait sur le cou d’un dragon, et la main droite était levée et tendue vers l’entrée du tombeau. L’expression du visage crée était d’une sublime placidité et bienveillance : pas seulement un visage royal mais tout simplement divin, les traits sereins et souriants parfaitement composés, calmes, rassurants, réconfortants. Nation lui communiqua une étrange impulsion qu’elle ignora. C’était une sculpture absolument magistrale. Tout le génie laudatif de l’art était dans cette statue.



Qui avait été cet être mort ? Un guerrier des temps anciens ? Quelque grand chef, redouté de son vivant et trônant encore dans la mort ? Personne n’eût pu le dire. Un homme, ou était ce peut être un immortel ? Dans une attitude de protection, de transmission. C’était comme si, l’homme était le professeur et le dragon l’élève. L’impression générale était celle d’une égalité voire même peut être d’un léger ascendant de l’homme. Blasphème se dit-elle aussitôt. Et pourtant cette statue existait bel et bien, elle était là, sous ses yeux. Elle s’approcha pour la toucher, se faire à l’idée que tout ceci était réel, et qu’elle n’était pas tout simplement dans un de ces rêves que l’ange aimait lui concocter. Elle dut se rendre à l’évidence et admettre que ce qu’elle avait sous la main était d’une concrète réalité. Saisissante de beauté et de précision. D’un magnétisme puissant au toucher.



C’était ainsi que l’on aurait pu représenter le visage d’un immortel, se dit-elle. Mais personne n’avait jamais tenté d’en dépeindre un sous une apparence si réaliste. Une telle chose était-elle ce que l’auteur inconnu de cette magnifique œuvre avait à l’esprit : montrer l’Immortel à l’égal du Dragon ? Il y avait assurément là quelque chose de presque sacrilège dans la sérénité quasi draconique dont le sculpteur avait doté le visage de cet immortel professeur.

À droite et à gauche de l’immense statue se trouvaient deux niches plus petites, situées haut dans le mur de la caverne, qui contenaient d’un coté une gerbe et de l’autre de larges coupes d’agate polie brillant comme des miroirs. La gerbe était constituée de roseaux de diverses couleurs et textures, entrelacés en un schéma complexe et déconcertant qui devait avoir demandé de nombreuses heures de travail au tisseur qui l’avait réalisée, et liée tous les dix centimètres environ par de fines bandelettes de métal sur lesquelles étaient inscrits des caractères d’un genre très ancien et intelligible pour Nadia. Instruction de s’agenouiller, d’entrer en phase de contemplation, et de remettre son âme au soin du professeur « Notre destination n’était pas un nouvel endroit, mais un nouveau point de vue, une nouvelle vision / des choses. » Ce serait un acte singulier à exécuter pour elle, une femme qui n’accordait que peu de foi aux fioritures et autres billevesées. Mais les paroles de Sir Tharen, quelques augures plus tôt, lui revenaient à présent : « Sacrifie toi pour ton œuvre, Nadia, quel que soit le sacrifice, aucun n’est trop grand car l’œuvre accomplie te survivra ». Ils se tenaient alors tous deux dans l’immensité du Tunnel d’acier de la Marche des Géants, dans les profondeurs du Noyau de Dungard. Empire de Solyr. Elle regarda pendant un temps infini, interminable, le serein visage de pierre qui se dressait là devant elle. Regarda le visage merveilleux, regarda encore et encore, regarda. Et brusquement il lui parut nécessaire de fermer les yeux. Il lui semblait à présent entendre une voix dans sa tête, qui parlait non pas avec des mots, mais avec des enchaînements abstraits de sensations. Elle n’aurait pu les traduire en phrases claires ; mais elle n’en était pas moins certaine qu’ils renfermaient une sorte de signification conceptuelle, ainsi qu’une faculté d’oracle manifeste. Qui, quoi, qui lui parlât en esprit, l’avait reconnu comme sa protégée, sa destinée. Et il lui disait que de grands labeurs l’attendaient et qu’à la fin de ces labeurs, elle était destinée à apporter une transformation du monde, un changement dans l’ordre des choses presque aussi formidable que celui qu’avait accompli Solyr lui-même, lorsqu’il eut créé le lien. La nature de ce changement ne fut pas précisée. Mais ce serait-elle, Nadia la dungari, semblait indiquer la voix, qui accomplirait cette formidable transformation. Ce qui se répandait dans son esprit avait la force de la révélation authentique. Sa force était irrésistible. Elle resta ainsi, immobile, pendant ce qui aurait pu être des semaines, des augures ou des années, inclinée devant la statue, la laissant envahir son âme.

« à toi, qui es encore la Beauté, cet ouvrage où ton amour et ta fantaisie, ta foi, ton expérience, ta douleur, ton espoir et tes rêves sont comme les chaînes qui soutiennent une trame moins brillante que la poésie gardée dans ton âme, et dont les expressions visibles sont comme ces caractères d’un langage perdu qui préoccupent les sages et les savants »
Au bout d’un moment, sa puissance se mit à refluer. Elle ne devinait plus rien d’essentiel dans ce qu’elle ressentait. Elle était toujours plus ou moins en contact avec la statue, mais ce qui en émanait désormais n’était plus qu’un écho primitif et lointain qui se répétait jusque dans les recoins de son esprit, boum, boum, boum, un son qui était emphatique, puissant et d’une certaine façon lourd de sens, mais qui ne véhiculait aucune signification qu’elle puisse comprendre. Il se fit de moins en moins fréquent puis disparut. Elle se leva, tel une automate ou un zombi, descendit quelques escaliers encore et rejoint les rangs sans fin d’une armée de primitifs corrompus alignés en régiments à l’intérieur d’une caverne souterraine plus immense qu’une mer, le regard tourné vers un haut plateau où siégeaient deux trônes de diamant ainsi qu’une mystérieuse sphère noire.



Cyrulnik
Le masque de Cyrulnik était tombé, en même temps que son œil et son bras. Son corps entier n’était que le théâtre de nombreuses plaies suintantes et seule une détermination en acier lui permettait de survivre et d’avancer. Il avançait en plantant un couteau dans le sol devant lui et tirait son corps à bout de bras. Brahodaran était tombé, Koryanne était tombée également, emportant dans un terrible cyclone vengeur et furieux son armée d’insectes ainsi que les syrass immortels. Il ne restait plus que lui. Lui et son devoir ; protéger Nadia et en tenir Kezyr informé. Il en avait fait le serment ; jusqu'à la mort il lui donnerait sa vie pour accomplir sa mission. Il n’était qu’une pierre de l’édifice, un simple maillon de la chaîne. Il fallait qu’il survive pour témoigner de ce qu’il allait voir.

 Il passa une statue, et continua dans les profondeurs du tombeau, laissant une traînée brillante de sang à sa suite.
Enfin il atteint une caverne aux dimensions titanesques. Il n’en voyait ni le bout, d’où lui parvenait une lumière aveuglante, ni le plafond. Elle était emplie d’une foule innombrable de primitifs à perte de vue, droit comme des i, en un ordre plus discipliné et plus resserré que l’élite de l’élite des légionnaires de la Ière et tous, regardaient en direction d’un haut plateau de noir basalte. Il hissa sa tête tant bien que mal et avec une douloureuse difficulté pour y apercevoir, de son œil unique, une Reine à la beauté envoûtante et à l’allure délicate. Une Reine terrible et inquiétante, psalmodier d’une voix pure un chant de louange et d’adoration, de gloire et d’affront, une mélopée d’une tristesse et d’une mélancolie absolu à l’intention d’une sphère attirante à la splendeur aspirante. Tous les primitifs étaient sous l’emprise de l’aura de puissance, fascinés.

Puis un homme couleur caramel, à l’aura magnifique et aux yeux violet se leva d’un des deux trônes, embrasa la salle du regard, embrassa la femme et se dirigea vers la sphère noire flottant dans le vide. Sa présence était sans limites.



Elle s’ouvre alors révélant un simeterre estampillé aux runes du rêve, du feu et de la nature.  Le métal est noir anthracite mais tire au bleu céruléen sur les bords de la larme. Et Marduk s’en saisit.

9

 L'homme se tenait droit, bien qu’un peu voûté, avachi sur le lézard géant qu'il montait à califourchon. Un désert de sable l'entourant de toute part jusque l'horizon, de tous cotés. Il était vêtu à la mode du désert. Un épais kiffa rouge vif et un chèche en lin de couleur indigo - révélant plus qu’il ne les cachait - des yeux d'une couleur éponyme. Ses mains, d’une complexion caramel, semblaient s’agripper comme à la vie aux sangles de la bête, nerveuse et affamée.


Un simeterre pendait à sa cote gauche et la démarche chaloupée du lézard avançait d'un rythme satisfaisant. Il semblait savoir ou il allait bien qu’étant seul en ce lieu inhospitalier et dangereux. Cela faisait maintenant plusieurs semaines qu'ils avaient entamé la traversée de ces terres désertiques et les fontes étaient presque vides. Les habitants du coin - farouches et indomptables - les surnommaient "L’Empire de Zûl". Il semblait n’avoir d’Empire que le nom. Peut être était ce en l'honneur d’un quelconque dragon du feu inconnu au panthéon.


Sa destination ; Griff et ses jeux. Son enjeu ; La possibilité de devenir important. De changer de vie et d’effacer son origine. Tous avaient une chance. De ce qu’il en savait il pouvait facilement obtenir un poste à responsabilités, voire une fonction officielle pour peu qu’il arrive au bout de la dizaine d’épreuves, et du bon millier de candidats, la plupart désœuvrés à son instar.


Quitte à ne pas avoir de but autant avoir un toit sur la tête. Sa seule étoile était morte et jamais il ne pensait s’en remettre. La mélancolie lui collait à la peau et malgré de nombreuses avances l’envie d’une famille ne se faisait pas pressante. La sienne était loin et lui importait peu. Il y avait tant à voir, tant à découvrir ; l'antre de Heyra à Temeth dont il était su que les plus hautes branches perçaient la couche nuageuse, lit de Szyl. Le gouffre de Nadjar cette abîme sans fond, le mur de Barani'ir qui coupait le monde en deux, Onyr la cite du rêve, vision hallucinée d'une ville flottante ... Les merveilles du monde étaient trop nombreuses et n'attendaient que lui. Mais pour cela il lui faudrait de l’argent et surtout un métier, il commençait à en avoir assez de jouer les mercenaires et les deux précédentes campagnes l’avaient laissées pour mort.


Moryagorn... Et il regarda la soleil, Moryagorn puisse tu me guider à travers ce parcours semé d’embûches. Je ne souhaite plus vivre aussi longtemps que les élus de l'ombre mais accorde moi le temps de contempler ta création, de rencontrer tous tes enfants. J’en veux plus ! Que mon destin soit exceptionnel et ma mort utile. Et il signa.




Alors apparu à l’horizon le mur de Barani’ir, artéfact multimillénaire dont la légende imprécise colportée par bardes au coin du feu et ivrognes dans les tavernes contait le mythe d’un dragon de Brorne, transmuée en un mur monumental pour vivre son âge vénérable. Un mur de roche blanche éclatante aussi haut qu’une montagne, coupant le monde en deux, littéralement. Protégeant la Pomyrie d’un désert sans fin, ou l’inverse. Faisant ainsi de facto de la ville de Griff un point stratégique, aussi bien militaire que commercial. Dont le pouvoir était immense et bien au dessus de certaines politiques partisanes. Le seul endroit des terres de Kor ou l’humain, le dragon et le décadent pouvaient si ce n’est vivre en harmonie du moins cote à cote. Et faisaient de ces jeux, un événement plus qu’attendu et empli de tensions. Ces jeux allaient déterminer qui, pour les trois années à venir, allaient diriger la ville et ses objectifs. Qui pourrait vendre à qui le sang, à quel prix, et en quelle quantité. Qui pourrait traverser la ville, quelles en seraient les taxes. C’est pourquoi les solitaires, vagabonds errants tel que Marduk, était bien peu considéré. L’on lui préférait ces bandes organisées qui s’entrainaient ensemble depuis souvent plusieurs années, sponsorisées par des guildes marchandes et de grands groupes financiers aux intérêts puissants. Mais la Constitution de Griff était limpide à ce sujet. Les jeux étaient ouverts à tous, sans distinctions aucune si ce n’était l’exception des ressortissants Zûl. Heureusement il ne l’était qu’à moitie et son accent ainsi que ses insignes de caste prouvaient de façon univoque son origine ankare.


Longeant le mur il vit poindre peu à peu dans le ciel orange violet de fin de journée cette tour noire plus haute que dix dragons, véritable symbole de la cite état ; la tour du savoir, objet de bien des convoitises. Puis deux autres tours blanches et enfin les fameuses murailles de la cité. Faite de la même roche blanche que le mur de Barani’ir.


Il passa rapidement à travers les faubourgs éphémères qui ‘s’étaient organisés en dehors de la ville pour la durée des jeux, et il su alors ne pas s’être trompé et que le tournoi n’allait pas tarder à commencer. Il soupesa sa bourse ; pourvu qu’il se trouve encore un lieu - ou il puisse reposer son postérieur fatigué.                                                                       


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Perché sur la muraille extérieure de la ville, un dragon de feu scrute l’arrivée de notre héros. Ses écailles sont encore fraîches.                                                                         


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« La structure du jeu favorise les griffians de naissance ; la grande arène est transformée en un gigantesque plateau ou tous les enfants connaissent bien une vingtaine d’histoires croustillantes. Bien qu’il subisse en général quelques légères modifications et variantes pour chaque nouvelle version, le plateau reste à peu près identique. Toute une partie des gradins est alors remplacée par des drapeaux aux couleurs des concurrents, qui tombent avec leurs propriétaires. Des combats, de la réflexion, de l'intuition et de la résistance. Mais surtout de la sagacité. Et il est arrivé bien souvent que Szyl y mette son grain de sel et que de véritables benêts se retrouvent dans les phases finales. Heureusement le duel à mort final en a fait fuir plus d’un. Seul des illuminés, des fous du pouvoir ou de véritables idéalistes à la poursuite d’un rêve ou par pure vocation sont prêts à risquer leur vie pour le pouvoir absolu. La plupart se contente d’un poste subalterne et préfère arrêter lorsqu'ils sont sur d’obtenir un poste plus ou moins bien placé et/ou rémunérateur. Quoi qu’il en soit, les candidats entrent tous par la même porte et sont alors aléatoirement transporté dans l’une des dix zones de l’Arène. Chaque zone contient une épreuve qui est alors à accomplir par les candidats s’y trouvant. L’épreuve achevée, les vainqueurs sont libres d’accéder à la zone suivante en fonction de leurs résultats. Certaines épreuves impliquent de coopérer, d’autres de se défier, de se confronter ou de se liguer en équipe. Seul le duel final est à mort mais il n’est pas rare que le 9eme frappe plus tôt durant la partie, voire pendant la nuit. Prélevant ainsi son du de ce jeu impitoyable. Des destins se sont crées, des hommes ont été changé à jamais lors de ces quelques jours de jeux. Car bien que les épreuves ne soient jamais les mêmes et changent en fonction de l’équipe au pouvoir, il en est une chose qui ne changera pas ; l’âme humaine. »


Ce sont sur ces mots que conclu Noty, le propriétaire de la « Table Magique » petite auberge de quartier ou j’avais finalement élu domicile. Griffian de naissance il avait tenté le Jeu dans sa jeunesse et s’en était sortit de justesse avec un poste dans la marine du Gisement. Il avait commandé un navire pendant 3 ans et s’était retiré avec les honneurs pour ouvrir un commerce dans la ville de son cœur. Il en avait vu passer des jeunes loups solitaires en quête de renommé. Mais son discours n’était pas encore édulcoré. Il me souhaita bonne chance, finit sa bière et monta se coucher me laissant à mes sombres pensées. Il me restait deux jours. Deux jours… Plusieurs bonimenteurs criaient à qui voulait l’entendre qu’ils pouvaient leur révéler la teneur des épreuves à venir. Mais je m’étais contenté de me procurer un plan de l’arène qui engendra le guide actuel et une version miniature du jeu de cartes utilisé pour définir les occurrences. Autant m’en familiariser le plus possible car, qui sait si, une fois dans l’arène, une demi-seconde ne pourrait-elle pas me sauver la vie.


Le lendemain je choisi de me rendre dans le quartier administratif, au temple draconique de la couronne intérieure. Les rues étaient noires de monde, autant de visiteurs, simples touristes, candidats ou même simples griffians dont l’accès leur était habituellement interdit. Il régnait une atmosphère bon enfant même si je craignais bien en mon fort intérieur que la tension ne ferait que monter à partir de maintenant et deviendrait plus que palpable sous peu. Les nombreuses armures et le regard agacé de certains gardes ne faisaient que confirmer mes idées.


Je rendis mes hommages à Kroryn, et eu un coup d’œil discret mais appuyé et sincère en direction de l’autel de Nenya, comme à mon habitude. Je fus plus surpris que choqué de découvrir un autel noir et cela évoqua en moi de nombreuses images dont celle d’une nécropole souterraine évidemment existante. Je ne pus  que réprimer un frisson d’horreur à cette idée. Mais à de telles choses je devrais m’habituer en faisant de Griff ma nouvelle patrie. J’avais connu les affres de la guerre éternelle étant très jeune et y avait perdu mon compagnon le plus cher. J’avais compris depuis que la mort frappe. Mais que l’on puisse l’aimer m’était encore étranger. Je fis peu de visites, la tour du savoir, le palais de la liberté, la caserne des protecteurs de la milice. Puis enfin le port ; d’où l’on pouvait apprécier la production ininterrompue de sagianor en son centre ainsi que la flotte immense qui en défendait l’accès - se mouvant en une sorte de ballet onirique au large de la baie. C’est très simple je n’avais jamais vu de bateaux aussi grands, ni aussi beaux. Je n’avais jamais vu la mer en fait.


Je n’avais jamais compris la fascination qu’exerçait Ozyr chez les rares adeptes que j’en avais croisés. Je la comprenais mieux à présent. Ce n’est que le couchée de la soleil qui m’a fait sortit de l’état de contemplation dans lequel je m’étais plongé. Ni le bruit, ni la faim, n’avaient pu m’éviter la sidération. Ayant grandi au milieu des flammes, ayant ce qu’on appelle une âme bien trempée, j’avais de ce respect pour l’eau que l’on connait à Ankar, celui provoqué par la rareté. Je compris aujourd’hui que l’abondance n’était pas le piège que l’on nous avait enseigné ; que ce soit dans les académies martiales de Kar ou à Kendyr. Il y avait de la poésie en l’abondance. Il y avait de la violence dans l’abondance. Je détournais mes yeux de l’ile artificielle de la Guilde Noire pour me retrouver nez à nez avec un criminel endurci à la mine patibulaire. Il devait bien faire dans les 2 mètres, aussi musclé que pouvait l’être un combattant pure souche et un sexe d’une dimension à faire pâlir d’envie un dragon de Kezyr sous forme humaine.


-Toi, Comment tu le sens pour demain ?
-Khy ?
-Il rigola, cette expression est peu usitée dans le coin karien … Fais gaffe Comment tu le sens pour demain ?
-Khy ?
-… Toi ! Fais gaffe à tes yeux demain, j’en connais plus d’un qui en tirerai un bon prix pendant le cycle blanc..


Remis de ma surprise, je me mis à essayer de me souvenir ou avais-je bien pu déjà voir sa tête et combien celle-ci valait-elle. Ces réflexions me menèrent tout droit à mon auberge ou je pu profiter d’un bon ragoût avant d’aller me raser la tête, comme avant chaque combat important. Un rituel qui me permettait ainsi d’offrir mes cheveux aux quatre vents.                                                                       


                           *****


Koryanne Nolyr inspectait son équipement une dernière fois. Elle jeta un rapide coup d’œil par la fenêtre de sa chambre, en direction des quais – une fin de journée comme une autre en apparence. C’était encore une jeune mage des vents lorsqu’elle avait prit la tête de cette dictature militaire éclairée, trois années de cela. Elle était une femme maintenant. 


                                                                     
                           *****




Comme symbole il choisit la rune de Zoran sur fond de drapeau ankare, peu probable qu’un autre que lui ai cette idée. Improbable qu’il tienne jusqu'au stade ou cela ai de l’importance de toute façon. Une fois son étendard attribué, il mit son brassard et pu se diriger en compagnie non pas d’un millier mais d’au moins cinq fois cette quantité, en direction de la grande arène de Griff. C’était la cohue mais petit à petit une file se forma qui donnait sur l’entrée des gladiateurs. De ceux qui allait assurer le spectacle d’aujourd’hui ; le Tournoi encore mieux que la Cavalcade ! En tout cas c’est ce que semblaient crier les yeux ronds des badauds qu’il croisa sur le chemin qui le menait vers sa destinée. Enfin ce fut son tour, et il traversa le portail brumeux.


Je suis une étoile. Une étoile brillant dans le ciel. Et je vois le monde tel qu’il est : Les enfants de Szyl dormant paisiblement sur un lit de nuages, provoquant des tempêtes et des averses lorsque bougeant un peu trop dans leur sommeil. Je vois les océans, interdits de Ozyr, s’étendre à l’ infini autour des terres de l’homme et du dragon ; Kor et son désert Zûl, sa tache noire du royaume de l’ombre. Je vois la lune noire mener à sa suite les fils du 9eme portant les sombres démons obscurs de la nuit dans leurs griffes et l’autre lune, Khymera, prisonnière de ces démons. Je vois les forets de Heyra recouvrir la moitie du monde et l’Empire de Solyr - majestueux. Je sens mes sœurs auprès de moi et la fierté que nous éprouvons d’être aux cotés de Moryagorn. Nous sommes une fratrie unie pour l’éternité et je pourrais rester ainsi à protéger le monde, éternellement.


























Éternellement
































Éternellement…
























Il semble que j’ai raté la première épreuve … et n’ai par conséquent gagné aucun point.


Je me retrouve dans une auberge, une pinte à la main, à la sortie de l’Arène, dépité.  Le sol est de sable et une petite fosse en son centre est le sein d’une rixe entre gladiateurs et l’objet de nombreux paris. Ils n’ont pas eu suffisamment leur compte aujourd’hui semblerait-il. De nombreuses jeunes et jolies serveuses aux sourires ravageurs virevoltent entre les tables, portant des plateaux surchargés. Je remarque alors seulement que l’auberge est bondée. En effet, le tournoi fait salle comble. Une des filles trouve tout de même le temps de me demander ce qui m’accable. Je lui raconte ma prestation de la journée ; c’à quoi elle répond d’un air goguenard : Ce n’est pas étonnant ! La réalisation du rêve le plus fou... bien peu la réussisse. C’est l’épreuve la plus sournoise et la plus difficile en mon sens. Certains gars ne viennent participer au tournoi que dans cette optique. Tous les trois ans. De véritables habitués du bas du classement. Mais vous avez de la chance, on ne peut pas perdre de points lors de cette épreuve même si vous, vous n’en avez gagné aucun apparemment..


Sur la place centrale, entre le palais du guide et la maison de Khy des fontaines et des statues fragmentaient l’espace. C’était une grande place découverte, un endroit où les gens se rassemblaient pour bavarder ou flâner parmi les fontaines et les statues. De petites colonnes soutenaient des plantes volubiles aux feuilles de jade et aux fleurs de cornaline. Un poisson de pierre bondissait niant la vasque vide en dessous au centre. Rien ne parvenait à oblitérer la beauté de ce lieu. L’échelle, les proportions harmonieuses me laissaient le souffle court et éveillaient en moi une admiration mêlée de révérence. Je sentis le poisson d’eau douce qui cuisait sur des petits grils, je vis les brochettes de fruits dégouttant de miel sur l’étal d’un marchand ambulant. Des lézards glacés fumaient sur un brasero. Des enfants se poursuivaient en me bousculant. Des chalands paradaient dans les rues, vêtus d’étoffes chatoyantes qui ondoyaient à chaque pas. J’en traversai à grandes foulées le marché. Autour de moi, des gens achetaient et vendaient des produits exotiques et fascinants. Les couleurs, les bruits, les odeurs même m’incitaient à m’attarder alors que les griffois exubérants criaient et riaient et sifflaient dans leurs rues si bien entretenues. Peu à peu je me sentais devenir griffians ; de plus en plus à l’aise au point d’en oublier mon infortune de cette première journée de tournoi. Je me surpris même à reconnaître les paroles de certaines chansons que chantaient les ménestrels au coin des rues. J’étais chez moi, la cité et son art coulaient en moi, j’étais davantage chez moi que je ne l’avais jamais été ailleurs. Cette ville semblait avoir le pouvoir de faire de ses visiteurs ses habitants plus rapidement qu’un singe de la Foret Mère ne mangeait une date offerte par une main amicale. Sur la place, dans une langue draconique abâtardie par tous les accents de la terre, les griffois commentaient cette première journée de tournoi ; la mêlée semblait avoir été une hécatombe tandis que le jeu de piste dans le désert avait déjà permit de faire émerger des favoris. Il semblerait que cette année encore les équipes entraînées par Orail « le géant fougueux » pour le compte de la Guilde Noire ai pris rapidement la tête du classement. Talonnées par les équipes d’Ezéo Klem et Cheb Annoa au coude à coude représentant respectivement Solyr et la Pomyrie. Mais comme à chaque fois des surprises étaient à attendre et malgré un manque d’entrainement professionnel certains outsiders pouvaient toujours créer la surprise. C’est la tête pleine de rêves et de promesses inavoués que je rejoignis mon lit à la table volante ce soir là.     


                           *****


Le matin suivant c’est tout requincanqué que je me présentai à l’entrée des concurrents. Les rangs s’étaient fortement clairsemés depuis la vieille. La particularité du tournoi est que les jeux se déroulent un peu partout dans la ville et que par conséquent les gradins sont éparpillés en de multiples endroits afin de pouvoir suivre toutes les sections des jeux. Certains bardes, aux talents inégaux, se repartissent la tache de conter les avancées des différents sections. Le fameux Sir Henry Barron (créateur de la geste partisane « La possibilité d’un silence ») était à quelques mètres de moi, entourée d’une ribambelle de jeunes filles en fleur aux yeux énamourés se pavanant devant lui. Il déclamait avec véhémence et passion les exploits d’une équipe locale de griffois lors de l’épreuve consistant à se rendre maître du commerce licite et illicite de toute une partie de la ville au seul moyen d’une somme de départ attribuée et en un temps minimum en usant de tous les moyens possibles et imaginables. Il semblerait que cette équipe ai réussit en seulement une demi journée là ou le précédent record était de deux jours.


Je décidai de jeter un coup d’œil à l’intérieur avant de me jeter dans la gueule du loup :


Des dizaines de Dragons, gris, rouges, métalliques et violets avaient élus domicile sur les hauteurs leurs étant dédiées, étant surement là afin de soutenir leurs petits protégés. Des dizaines de milliers de personnes mais une arène tout de même plus modeste que celle de Ankar, l’Arène, la reine des arènes, l’inégalable et inégalée. 
La chaleur de la journée prenant peu à peu la place de la fraîcheur matinale, je réajustai mon brassard et m’élança à travers le portail.                                                                                                                       




                           *****


Ce jour la je fus torturé pendant des heures jusqu'à révéler mes secrets les plus honteux dans ce qu’il convient d’admettre que ce fut un cauchemar.  Je m’essayai au jeu de stratégie des 9 dragons sans grand succès autre que de me faire perdre mon temps et dû triompher d’un labyrinthe souterrain - royaume des ombres et autres machineries surprenantes. Le lendemain c’est dans une jungle envahie par une brume épaisse que je confrontai ma volonté et ma connaissance des arcanes à celles de praticiens bien plus doués que moi, pour enfin, lors du quatrième jour, et après avoir utilisé certains de mes gains pour éviter deux autres épreuves pour lesquelles, n’ayant aucune aptitude, je n’aurais que perdu du terrain, je me retrouva à sceller mon destin dans cette fameuse mêlée en compagnie de quelques centaines de candidats. Et tout alla très vite.


Subjugué par le charme d’un diplomate entrain de séduire un protecteur par de belles paroles enchantées l’exhortant à se battre pour lui et sa noble cause ; un grand idéal allant sauver Kor de la décadence et sublimer la magnifique cité de Griff, je vis avec horreur une épée ensanglantée ressortir de l’infortunée poitrine recouverte d’un tissu blanc de qualité gal. J’eus à peine le temps de remarquer l’expression de surprise figée sur le visage aux traits aristocratiques que la tête du protecteur roule à mes pieds. Encore une fois je relève la tête pour me trouver nez à nez avec le criminel qui me crie au visage « Alors bleu bite ! Faut se réveiller c’est maintenant que ça se passe !! » il m’attrape la nuque « mais vous n’avez pas le droit de faire ça NOUS NE Devons pas tuer c’est interdit ! » « Ah oui » il pare et tue une combattante dans mon dos » et qui va m’en empêcher toi ? » Hahahahaha il n’était déjà plus là.


Encore sous le choc Marduk se retourne


Devant lui, quatre guerriers aux intentions visiblement hostiles n’étaient plus qu’à dix mètres. Ses yeux devinrent vitreux. Ceux qui tenaient des lances les projetèrent. Il ne bougea pas, s’étant presque instantanément rendu compte que celle qui le visait le manquerait. Un homme qui passait à sa gauche s’écarta, mais pas assez pour éviter l’autre lance, qui frappa si violemment sa cuisse droite qu’elle la traversa pour aller se ficher dans le sol. Il fit sortir la carte d’une rune de sa manche et effectua une rapide passe de main. Cloué sur place par la lance, l’homme à sa gauche ne laissa échapper qu’un léger râle, puis leva son sabre pour arrêter une hache qui moulinait vers sa tête.


À cet instant-là, Lui même s’occupait déjà d’un des mercenaires porteurs de brassards kares qui s’était rué sur lui. La hache de celui-ci étant une arme courte, il en profita pour lui allonger une botte avant de se trouver à sa portée. Le mercenaire tenta de parer avec son manche gainé de cuivre, mais Marduk, d’un vif mouvement du poignet, avait déjà parachevé sa feinte en plongeant sous la hache. La pointe de son simeterre se logea dans la poitrine du combattant, transperçant comme du tissu le cuir de l’armure.


Marduk s’était engagé à fond dans cette action. La chute en arrière de l’homme manqua de lui arracher son arme. Il tituba, s’attendant à se faire fracasser le crâne d’un coup de hache par l’un ou l’autre des guerriers, mais ce coup ne vint jamais. Recouvrant son équilibre, il pirouetta et vit l’un d’entre eux, qui maniait un nirga’k, aux prises avec un protecteur. Il chercha des yeux l’autre homme ; Contre toute attente, celui-ci vivait encore, bien qu’il fît face à deux mercenaires en même temps. Il avait réussi à tirer la pointe de la lance du sol, mais la hampe demeurait fichée dans sa jambe. Qu’il fût encore capable de bouger – sans parler de se défendre – en disait long sur la discipline et l’entrainement des hommes du géant Fougueux.


Marduk se pencha et arracha une brindille au sol. Il chanta la phrase de pouvoir correspondant et de la rune rouge qu’il traça devant lui partit un projectile qui mit feu au guerrier en face de lui en prise avec le protecteur. Puis il s’empressa d’engager le fer contre le dernier des hommes qui les avait attaqués. Une hache déjoua la garde de son compagnon d’infortune, le heurtant en pleine poitrine. Le tranchant de la lourde arme fendit son armure, dont plusieurs écailles sautèrent.


Avec un gémissement, l’homme retomba sur un genou, aspergeant la terre de son sang.


Trop mal placé pour venir à son secours, il ne put que regarder, horrifié, la hache osciller de nouveau pour s’abattre cette fois ci sur la tête du soldat au brassard de la Guilde. Son casque s’affaissa et sa nuque se brisa. Mais l’élan imprimé dans le corps par la hache le fit trébucher sur notre héros, de tout son poids.


Un juron s’échappa de ses lèvres tandis qu’il s’affalait à son tour sur l’ennemi d’en face. Il s’efforça de diriger la pointe de son simeterre contre le dos du guerrier karien, mais celui-ci esquiva souplement en bondissant de côté. Avant de toucher le sol, il tenta encore désespérément de l’atteindre. Puis il sentit son épaule se disloquer au contact de la terre durcie, et son arme échappa de sa main engourdie.
À présent, songea-t-il en roulant sur le dos, il ne me reste plus qu’à mourir. Et il regarda le ciel avec amertume.


Avec un grognement, le combattant leva très haut sa hache et prit feu. Il mourût dans d’atroces souffrances au milieu des flammes destinées à son compagnon.
Lui même ne fut épargné par la foudre que parce qu’il se trouvait à terre. Il se remit debout avec difficulté, son bras droit inutile pendant le long de son corps. Il ramassa son arme non loin et s’appuyant dessus observa le champ de bataille et s’en imprégna.


Le protecteur en avait finit avec l’homme qu’il avait enflammé de son sort et après un léger signe de tête s’en alla cueillir d’autres proies. Un peu plus loin il vit un petit homme râblé sortir des pierres à main nu du sol et les jeter sur ce qui semblait être un mage de la nature entrain de puiser de l’énergie ou il le pouvait, les bras levés en l’air, une aura crépitante d’énergie de plusieurs mètres l’entourant. D’un autre coté, un protecteur semblait s’être constitué une petite armée à lui tout seul et allait mener l’assaut sur ce qu’il su être un élu de l’ombre avant de se mettre à crier qu’il ne voulait pas mourir et s’enfuir en courant. Pendant ce temps il surprit un candidat entrain de courir parmi les cadavres afin de les soulager de ce dont il n’aurait plus jamais l’utilité.


Des monstres volants survolaient le champ de bataille, l’un deux fut abattus d’une flèche et tomba dans l’arène écrasant de son poids une dizaine de candidats. Il en chercha l’origine et tomba nez à nez avec une femme dont le visage, s’il fut un jour joli, disparaissait maintenant sous le masque de l’autorité.


Au delà de l’inconnu seule une sombre détermination chaotique permet d’avancer. Et cette détermination faisait partie d’elle à présent, elle la guidait. Cette réflexion la traversa alors qu’elle observait un homme d’origine certaine Zûl à l’allure dégingandée, affalé sur une arme de sa tribu de son unique bras valide. Ses yeux retinrent son attention un instant, puis elle se demanda comment et pourquoi il avait pu participer au tournoi, se promit de mener une enquête et reparti lestement au combat.


Toutes autour, 50 000 personnes étaient en délire.
   
                                                                 *****


A la fin de cette quatrième journée il utilisa UNE PARTIE DE SES POINTS surnuméraires pour se faire rafistoler.
S’il réussissait aux prochaines épreuves, malgré le sacrifice conséquent qu’il venait de faire, il pourrait prétendre à un poste de sous-officier voire d’officier dans la milice de la ville. Cela lui convenait parfaitement, pour commencer. Il se surprit à sourire.


J’avais recroisé la face patibulaire dans le temple des prodiges. La ou les survivants étaient soignés. Il venait d’empocher pas mal d’argent suite au pari qu’il avait fait sur lui même et pensait avoir des droits sur moi du fait de m’avoir sauvé et m’ordonna alors de le rejoindre le soir même à une adresse qu’il me confia. Tu ne le regretteras pas !!!! Et pi tu verras un peu ce qu’est la vraie Griff pas ce repère de Pete sec comme toi qu’est le centre ville ! T’as vraiment de la chance de m’avoir rencontré conclu-t-il.


Je me sentis tout de même dans l’obligation de l’y rejoindre au moins le temps de partager une boisson avec lui avant de rejoindre l’ambiance douillette et feutrée du bâton volant.


 
Effectivement, je ne connaissais pas « cette »  partie de la ville non …


Alors que je m’approchais péniblement et prudemment de l’endroit indiqué, de moins en moins sur de moi et de ce que je faisais ici, demandant de moins en moins mon chemin non pas tant par peur de ne pas être compris ou agressé que par celle de ne plus jamais revoir la lumière du jour, je finis par trouver cette ruelle qui n’en avait que le nom loin, loin à l’est de la dernière enceinte. Un gorgerin m’aurait été bien utile pensais-je. Un peu plus loin on pouvait apercevoir l’horizon de la mer d’un sang de Moryagorn. Alors que je m’approche de l’entrée éclairée par une torche violette comme indiquée heureusement correctement, une créature me saute de l’ombre et m’attrape la chemise, la rune de l’infamie marquée sur son front brillait à la lueur de la torche luisait au contact du halo de la torche « Toi la veux tu goûter à l’Autre Monde le Pays de l’Amusement Sans Fin ? J’en ai pour pas cher, quelques dracs seulement l’ami oui tu ne le regretteras pas tu verras je sais que tu en veux il se mit à fredonner « l’autre mooonde … jusqu’au dernier soupiiirr oh Oui !!! » Des yeux verts globuleux, la peau sur les os et une haleine nauséabonde. Si l’autre monde ressemblait à cela il préférait s’en passer.


Une inscription ornait le chambranle de la porte mais il n’avait jamais pris la peine d’apprendre à lire. Il frappa selon le code indiqué, et attendit une dizaine de minutes tout en tenant le sac d’os en respect puis donna le mot de passe.


« Les espérances sont à laisser au vestiaire »


Une fois mes yeux fait à l’obscurité la moiteur et la fumée verdâtre de l’endroit je pu voir qu’outre les narguilés qui en ferait une fumerie, le bordel contenait de nombreuses filles galyrs, jeunes, à la carnation si particulière. Je me mis à la recherche de l’objet de ma venue en passant de salle en salle, évitant tant faire se peut que de croiser des regards qu’ils soient de clients repus, en attente ou bien ceux des hôtesses aux tresses blondes ou rousses. Je reconnu tout de même ici et là quelques ressortissants de Jaspor à leur teint have et à leur style décadent ainsi qu’un ou deux rejetons belgoriens grâce à leur chevelure auburn si caractéristique. Un olarien semblait mal au point dans un coin, à l’abri d’une alcôve sombre. A moins que ce ne fut un falonien. Difficile à dire au milieu de toutes ces femmes, et avec ces étranges et inhabituels tatouages mouvants qui recouvraient de façon inédite la totalité de son corps. Cette atmosphère glauque et irréelle était entretenue voire accentuée par des notes envoûtantes formant une mélopée propice aux rêves et aux voyages oniriques. Cela indiquait la présence dans l’un de ces couloirs obscurs d’un cil de Szyl, cette instrument permettant de reproduire avec une tonalité parfaite et dérangeante la totalité d’un répertoire de sons incroyable ; de la chanson du tonnerre à la mélodie de la pluie. Il était l’instrument préféré des enfants du ciel.


Je finis par tomber nez à nez avec une chenille de jeunes filles à poil entrain de se manger le derrière. Au bout de cette chaîne, entrain de se faire reluire le vit ; l’étrange tueur. Il lui fallu un peu de temps et une dizaine de grognement avant de me remarquer. Il finit sa bouteille de gnôle au goulot et s’adressa à moi : Eh bleu bite, celle du bout est pour toi me dit-il me désignant une paire de fesse. Elle sortit la tête du cul cuivrée qu’elle dégustait avec application et me lança un regard de ses deux yeux bleus amandes et aguicheurs de coquine tout en me présentant ses boules diaphanes un œillet brun et deux lèvres bien rouges et luisantes. Qu’elle ponctua d’un léger trémoussement du bassin.


Je lui attrapai les hanches des deux mains et m’enfonça dans ce qu’il convient bien -de nommer le plus doux des miels.


                                                                       *****


On est frère maintenant bleu bite, appelle moi comme le font tous mes amis « le rapace sans pitié » - Il tira sur le narguilé. Ça ne me plait pas trop mais au moins ça a le mérite d’être clair comme de l’eau de roche et pur comme du cristal, au moins tu sais à qui tu as à faire pas vrai bleu bite ? Ses postillons semblaient délimiter son espace personnel et son nez de rapace attendre une réponse.


-       Quelle est donc cette capote que tu portes l’ami, euh, « rapace sans pitié » ?
-       L’on m’a assuré que cela préserverai ma fertilité de jeune homme. Tu ne sais donc rien ?
-       Mais pourquoi donc sur la tête ?
-       Voyons, il est su que là est le siège de notre sperme jeune homme ! Bleu bite


Le rapace sans pitié était le 4eme fils d’un propriétaire foncier de la province de Vilys. Peu enclin à devenir érudit il profita de la mort tragique de son père pour s’échapper et fuir par la même occasion le domaine familiale et son destin tout tracé. Il fut marié trois fois, dont une selon Kroryn me confia t il montrant avec fierté sa brûlure de mariage, et eut trois fils ; l’ainé, Mitri, du premier lit, et les deux autres, Van et Lexei, du second. Sa première femme appartenait à une famille noble, les Ioussov, propriétaires assez riches de la même province. Elle choisit de se suicider en se jetant d’une falaise après s’être fait jouer une tragédie romantique un peu trop bien réussie. De son coté, ne s’étant insinué dans cette honnête famille que pour la dot car brûlant de faire son chemin à tout prix ; cette mort tombait à point. Ce fut plus riche de 25 000 dracs et d’une rente annuel de 5 000 qu’il se remit à parcourir la province transformant sa demeure en harem et organisant des saouleries tous les soirs. La belle famille scandalisée finit par le chasser - bien que l’argent disparut en même temps que lui. La seconde femme à qui il fit le coup eut une fin plus digne bien que tout autant tragique car elle s’éteint de la peste d’automne après s’être fait la malle avec un prodige. Encore une fois il dilapida une fortune assez rapidement faisant couler la bière à flot dans le gosier bien sec de certaines filles courtoises. Certains témoignent tout de même de l’avoir surpris à sangloter comme un enfant à l’annonce de la mort de sa femme quand d’autre jureraient l’avoir vu à genoux remercier tous les grands dragons. Il se peut fort bien que les deux versions soient vraies d’ailleurs ajouta-t-il. Quoi qu’il en soit il se tue quant à sa dernière femme, celle dont le lien l’avait marqué à vie- mais de tout évidence elle n’était pas la non plus.


L’une des dix filles vint à quatre pattes, comme une chatte, remplir la pipe de cette étrange poudre de cristaux verts qui embaumait l’atmosphère. Elle repartie tête baissée, présentant sa croupe au plus offrant. Une odeur spéciale.


Il aspira goulûment et jeta sa tête, couverte de ce morceau de tissu ridicule, en arrière ; dans les coussins aux taches douteuses sur lesquels nous étions étendus, et rejeta un nuage de fumée tel, que Szyl lui même aurait pu s’étendre, et s’endormir dessus.. Du moins un de ses premiers nés..


Les délits puis les crimes, l’appel de la violence … j’y ai pris gout vois tu. Il parla pendant des heures, m’énumérant de fait - la liste de ses victimes. Il avait finit par acquérir une belle somme d’argent dans l’Empire à l’occasion d’un assassinat politique et était venu la dépenser ici.


Qu’importait si la réalité de base était étriquée, grise, morne et exigeante. Qu’importait si elle était presque vide de sens en comparaison de la majesté glorieuse de l’existence multicolore à laquelle l’autre monde donnait accès. Qu’importait si elle était esthétiquement, hédoniquement, intellectuellement et philosophiquement sans importance ; c’était l’unique fondation sur laquelle reposaient toute la joie et tout le confort spirituel auquel cette drogue lui donnait accès; et, il suffirait d’un seul coup de pied pour que je m’écroule, moi et tous mes royaumes de plaisir illimité… Sachant cela … ses yeux devinrent tristes et vides en même temps. Tu es sur de ne pas en vouloir ?


                                                                 *****


Sauf erreur de sa part il ne lui restait plus qu’à affronter les épreuves conçues par les castes des érudits et des artisans.


Il jeta un coup d’œil rapide au tableau des scores puis alla faire un tour dans l’arène estimer le nombre d’étendards flottant encore au vent. Ses chances étaient réelles. Il sortit de sa poche les cartes encore en sa possession ; la carte de Khy, celle de l’allier, 2 de coopération une de défi et quelques cartes « Section Suivante ». Mais surtout son atout principal, qu’il avait acquit dans le labyrinthe la carte spéciale « Le premier est le dernier ». Il aimerait la conserver pour la section duel mais tout le monde faisait le même pari alors il était peut être plus judicieux de l’utiliser avant … Oui mais si il tombait sur une personne qui l’avait conservée … Plongé dans ses réflexions il se fit bousculer par plusieurs personnes pressées d’en finir avec l’avant dernière journée du tournoi. Les regards étaient mauvais, la fatigue se lisait sur les visages et dans les gestes. D’autres étaient manifestement sous l’influence de drogues plus au moins puissantes.


En cette avant dernière journée de championnat, le classement était le suivant :


L’équipe avec le plus de points était celle de Kali, puis venait celle de Kern. En troisième position venait la Guilde Noire puis les humanistes et une équipe griffoise.


Au classement individuel arrivait en tête Koryanne Nolyr qui ne représentait qu’elle même à sa propre succession. Il ne prit pas la peine de déchiffrer les autres noms qui ne lui disaient absolument rien. Il se fit le plaisir de chercher le sien qu’il trouva dans la partie basse, représenté par la rune de Zoran sur fond de couleurs ankares.


Il se lançait dans l’aventure plein d’énergie bien que craignant le contenu des épreuves. Il avait entendu dire que l’épreuve des artisans consistait à retrouver une aiguille dans une botte de foin et celle des érudits à résoudre des casses têtes. Mais il aurait pu être trompé. Quoi qu’il en soit, il traversa le portail.


Et se retrouva en plein ciel, au milieu de vents violents, perché tout en haut du mur de Barani’ir, avec, d’un coté, des contrées verdoyantes à perte de vue, et de l’autre -un désert jaune et salé. De quel coté allait-il tomber, seul cela il ignorait. Mais quelqu’un l’attrape et le plaque au sol. Il se retourne ; la femme d’hier ! Au sol, assaillis par des vents formidables, ils se mangent des yeux. Ne me lâche pas. Une autre personne est recraché par le portail ; le rapace. Il roule sur lui même et se débrouille pour s’accrocher au rebord ou il s’agrippe tant bien que mal. Mais ils ne sont pas au bout de leurs surprises ; voici qu’un dragon des volcans approche d’eux à grands coups d’ailes. Il redresse la tête sa poitrine se gonfle et c’est un véritable mur de feu qui les envoie valdinguer par-dessus bord.




                                                                 *****




Leur chute ne sera pas bien longue car du sol vole le long du mur en leur direction, un autre dragon de la lave, encore plus impressionnant, plus massif encore, plus mature que le précédent - dont la gueule énorme leur enverra cette fois, une tempête de flammes dans les dents. En plein visage. Ils n’en virent d’abord que les flammes puis en entendirent l’explosion pour enfin en sentir la chaleur. Face à cela, ils étaient impuissants.




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Nos trois héros se réveillent sur un rivage inconnu. Au dessus d’eux, deux géants ; aux muscles énormes et hypertrophiés, aux veines saillantes et palpitantes, aux crinières rouges et aux yeux flamboyants.


Le plus âgé des deux ‘hommes’ porte un manteau de cuir rouge et l’autre un simple pagne qui semble être fait de tissu et dévoile plus qu’il ne cache ses attributs intimes.
Ce dernier lève alors un doigt en l’air. Nous, nous reprenons à peine connaissance, confus d’être en vie, qu’il fasse lourd et que nous ne soyons que tous les trois.


« J’ofdonne ! que fous fous baffiez à fort ! Et fous fous obeiffez ! »


« Es tu sur de toi ? Une mage des vents ? Et celui-ci là a l’air un peu maigrichon… » Dit-il en indiquant Marduk du bout du menton.


Il se pencha alors vers le jeune ‘homme’ et lui murmure à l’oreille. L’autre semble acquiescer.


Le plus sage prit alors la parole : Excusez mon jeune compagnon ici présent mais celui-ci souhaite se prendre un élu – à ces mots Koryanne se redresse et se raidit imperceptiblement – et il va donc vous tester. Son idée première était plutôt expéditive ; un combat à mort et que le meilleur gagne ! L’impétuosité de la jeunesse voyez-vous. Mais semble-t-il que je l’ai persuadé que vous seriez bien plus utile en lui prouvant votre valeur sur le long terme. C’est pourquoi il va vous envoyer effectuer ce que vous appelez communément une quête. Il semblait fier de sa maîtrise de notre langue. Pour autant que l’on puisse juger un Dragon ; de surcroit de cette trempe.


Daeng l’ancien avait la distinction de l’âge. Cela faisait maintenant plus de quinze millénaires qu’il arpentait le monde. Il se flattait d’avoir eu une longue et prestigieuse carrière, parvenant aussi près des cercles de commandement - lors des trois dernières croisades - que sa lignée le lui permettait. Il était à présent dans le même état de sénescence glorieuse et sereine que certains Dragons très anciens ; il ne produisait plus beaucoup de choses, prenait assez peu part aux affaires courantes de Kor, et maintenait le nombre de ses proches à un niveau relativement bas.


C’était toujours, néanmoins, un dragon du feu à part entière ; il n’avait pas pris de congé sabbatique, n’avait pas choisi la retraite, n’était pas devenu un Excentrique et n’avait pas rejoint les rangs de Ceux qui Dorment, le nom récent à la mode que l’on donnait aux anciens qui s’étaient écartés et n’étaient plus vraiment des membres du club. Quoi qu’il en fût, malgré l’étendue des informations livrées et une biographie qu’il faudrait une vie entière à entendre - Daeng le Vieux était nimbé d’une aura de mystère. Et le monde ne l’avait pas encore vaincu.




« Refemment est affaru dans la foret de folor un arfefact infonnu. Nous n’en fafons fien afors allez fous fenfeigner la fas, fofez fous fous les dragonpas que feu f’en éfant affroché sont forts. J’orfonne et fous obeiffez !! »


Koryanne était perdue dans ses pensées, Marduk et le Rapace sans Pitié avait la tête enfoncée dans le sol.


Elle serra fort son amulette de la nature. Que la maladie m’épargne et que ma vie soit longue et prospère.


Une élue. Il était tellement rare qu’un dragon prenne un élu, encore moins en dehors des familles auxquelles ils étaient liés de façon séculaire. Je pourrai enfin quitter cette ville de province et intégrer la cour de Rolan XII. Yris, Le Frère des Dragons. La Cour de l’Empire de Solyr… Elle en détacha distinctement chaque syllabe.
           
                                                                     *****


Alors que les deux ailées prenaient leur envol, je remarque que le rapace et la femme se jaugent durement du regard, et cela jusque ce qu’elle tende le bras et qu’une détonation suivit d’un bang d’une explosion et d’un nuage de fumée ne l’abatte au sol. Aussitôt elle s’abaisse et vérifie qu’il est bien mort et semble lui faire les poches. Puis elle se tourne vers moi :


-       Combien as-tu sur toi ?
-       Qu’est ce que c’était je n’ai jamais rien vu de tel.
-       Un sortilège de mon invention. Donne-moi tout ce que tu as.


Il ne s’en était pas étonné et cela ne l’effrayait pas non plus de parcourir 80 kilomètres à pied. Cela semblait naturel ; naturel, considérant la réalité particulière de ce moment qui était extrêmement clair, quoique coupé de tout ; immédiat, quoique déconnecté, comme une belle ile dans un mur de brouillard ; la réalité accrue et indiscutable que l’on perçoit lorsque l’on est soul.


Ils arrivèrent finalement à un relais/auberge et elle s’arrêta brusquement, sorti un miroir de sa poche et lui tourne le dos. Elle se retourne et il semblerait que son décolleté soit quelque peu détaché.


Il ne sut pas trop si ce fut lui qui la laissa entrer dans sa sphère intime ou si elle y entra de son plein gré mais il y reconnu certainement là l’agilité du grand dragon de la couleur du ciel. Elle était grande, plus grande que lui, et fine – comme une brindille. Elle lui mit une main sur l’épaule et le prit par la taille de l’autre. Elle était si fine qu’il pourrait la bri… elle l’embrassa. Il sentit ses lèvres dans sa bouche. Sa lèvre du bas si épaisse et si rouge si … Pris de convulsions il tombe à terre- mort avant de toucher le sol, inerte. Elle le poussa du bout de sa botte dans le caniveau, vola un cheval et partit au triple galop en direction de la forêt de Solor.
 

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Parties sur Forum / Re : Privilége : Conviction supérieure
« le: 11 mai 2014 à 05:13:26 »
Plus séduisant est le cote obscur

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Règles / Re : Poliorcetique et mages de la pierre
« le: 10 janvier 2014 à 16:06:54 »
Citer
La 1ère raison en est le danger naturel de Kor, les animaux, les créatures draconique, les abominations, les corrompus, les tribus barbare...

Evidemment, suis je bête je n'y avais même pas pense ^^

Le problème se pose donc uniquement lors de véritables sièges qui on peut le supposer ne sont pas si fréquents OK.

On pourrait par exemple supposer que tout endroit disposant d'une enceinte et de protecteurs ait également un mage de la pierre a disposition charge de "renforcer"/s'occuper de la muraille. Mais ça demanderait beaucoup de mages du coup sachant qui si mes souvenirs sont bons ils sont a peine 10% a survivre aux dômes ... quand il suffit d'un seul mage maîtrisant le sortilège adéquat parmi un groupe de mercenaires pour qu'il soit a même de piller de nombreux trésors.

J'aime beaucoup l’idée de consolider les murailles par magie, on pourrait même imaginer que les enceintes importantes soient sous la protection d'un dragon de la pierre et que les plus essentielles soit des dragons themselves !


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Règles / Poliorcetique et mages de la pierre
« le: 10 janvier 2014 à 09:29:51 »
Bonjour a tous,

AMHA ce sujet n'a pas encore été aborde dans ce forum bien que je n'en ai parcouru que 95% des méandres tentaculesques.

Mon interrogation étant la suivante ; cherchant a rendre l'univers de prophecy le plus réaliste possible je me heurte a une incongruité que je cherche a relever. Le monde étant véritablement complexe on se retrouve dans l’incapacité de se le représenter fonctionnel dans sa globalité.

Mon point d'achoppement concerne l'utilisation des mages de Brorne lors de sièges de citadelles de châteaux voire de forteresses. Notamment des conséquences de l'existence de sorts (tels que altération de Brorne, crevasse vertigineuse, ecrase pierre, montagne de nulle part, et enfin tremblement de terre) et donc de l’utilité même que peuvent avoir la présence de remparts et même de mur dans la défense de places fortes.

Est ce que les villes, les places stratégiques et les donjons ont encore des murs ?  Telle est ma question.

Alors dans ma vision j'estime que les mages, maîtrisant la sphère de la pierre, et connaissant les sorts sus mentionnes, ne courent pas les chemins koriens mais tout de même. Comment entreprendre des travaux extrêmement coûteux en terme de temps, d'hommes, d’énergie et d'argent quand il suffit d'une seule personne pour mettre a bas tout ces efforts ?

Et vous, quelle est votre vision de la chose ?






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Discussions générales / Re : Acheter Prophecy
« le: 11 avril 2013 à 04:38:11 »
Rhaaaaa vous m'avez créée une fausse joie, l'article est indiqué "en commande" ce qui laisse peu d'espoir quant a sa réel disponibilité prochaine je le crains ...

merci tout de même  :-\

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Discussions générales / Re : Acheter Prophecy
« le: 08 avril 2013 à 03:15:31 »
Bon je propose maintenant 60 euros ?

Personne ?  :D

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Discussions générales / Re : Acheter Prophecy
« le: 07 novembre 2012 à 17:52:58 »
Bonjour,

Je cherche "De Chair et d’Écailles" et je suis prêt a mettre 50 euros.

Merci d'avance ^^

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Discussions générales / Re : Présentez-vous...
« le: 07 novembre 2012 à 17:48:55 »
Bonjour a tous,

Cela fait 10 ans maintenant que je ne masterise plus Prophecy. Repris d'une vague de nostalgie terrible il y a quelques semaines et étant loin de ma gamme complète (offerte par des pjs fanatiques (2 voyageurs (éclaireur et chasseur/traqueur), 1 commerçant et 2 mages (vent et ombres))) j'ai dévoré avec passion tous les prophezines et ai été très agréablement surpris de par leur contenu riche et varié.

Puis tout le forum ... (Certaines interventions sont de qualité quasi professionnelle. On sent les milliers d'heures de jeu derrière...)

Prophecy est un univers fantastique, "qui prend aux tripes", violent, baroque et cruel. Le système de jeu permet ... de s’éclater tout simplement. Tout en restant réaliste et équilibré. De plus l'univers est tellement dense et profond que 10 ans après je le porte encore en moi.

Prophecy mérite mieux que la fin qu'on lui a donné.

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