Pour le moment, la panique se situe au nord des marches Alyzées où se regroupent lentement quelques armées dévouées de combattants et protecteurs, ayant choisis de prendre par le front la frontière avec l'Empire Nésora. Les galères sont sur les flots depuis des augures, les forêts sont piétinées depuis des cycles, les croisés en attente et chaque jour n'est qu'un sursis de plus pour l'heure des grandes batailles.
Ils sont plusieurs milliers à attendre le sacrifice, la gloire et l'heure de l'héroïsme, et pourtant chaque journée se succède, toutes identiques, adoptant avec monotonie les mêmes rites draconiques dont l'unique but est de justifier la résistance historique des Zûls à ne pas déjà avoir "foncé dans le tas".
Mais le tas n'existe pas, et les zûls sont positionnées dans un point dont les coordonnées sur Kor ne sont pas définies... la date actuelle est inconnue de tous, et le monde ressemble à l'éther, perdu dans une impressionnante indifférence du temps et de l'espace.
Si la Duchesse Florimelle de Dungard n'avait guère quelques missions à confier à un certain petit groupe hétéroclyte de personnes aux caractères insatiables - qui doivent avoir pour vocation d'occuper le temps, l'univers serait plongé dans une léthargie totale où seules Yris et Nadjar, loin des menaces supposées de la croisade, attendent patiemment les premiers rapports de la guerre lointaine pour de diverses raisons parfois hélas similaires.
Peut-être serait-il judicieux que Zadel Tabarnasse de Férune vienne mettre quelqu'ambiance dans ces armées térassées par l'impatience. Et après, il faudra envisager une visite de Maître Kar, Maître Kast, et qui sait - ironie de l'impatience - d'un grand dragon. A l'heure actuelle, tout ce qui est sûr, c'est que l'armée des croisés a emballé et vendu ses plans d'attaques de qualité, n'attendant plus que les appels respectifs des généraux pour que les différents assauts soient lancés.
Nous patientons, en bons soldats, fervants défenseurs de la justice de Brorne et des vertues draconiques, que nos seigneuries absolues daignent bien nous autoriser enfin à marcher sur les terres hérétiques.
Un grand, long et insoutenable calme, en esperant une bien prestigieuse tempète.