J'espère que je post ce message au bon endroit, si tel n'est pas le cas , veuillez m'excuser. Voila donc une nouvelle que j'avais écrit il y a quelques années. Dites moi donc ce que vous en pensez.
Sombre révélation :
La vie était douce sur les rives de la Daloise. Janyskar se reposait, allongé sur l’une des berges.
C’est vrai qu’ils devaient être bien ici, pensa-t-il en esquissant un sourire carnassier.
Le mercenaire s’était éloigné, préférant contempler de loin le spectacle de ce hameau en proie aux flammes.
« Seigneur, nous avons un problème », lui dit un de ses guerriers en s’agenouillant devant lui.
« Un homme encapuchonné nous tient tête dans une de ces misérables chaumières. Nous avons bien tenté d’y mettre le feu, mais il ne prît pas. Ce doit être un puissant mage…
- Que Brudan ou Farnos s’occupe de ce mécréant.
- Seigneur, ils viennent d’être abattus. »
Il n’osait regarder son chef, s’attendant à ce qu’il le tue pour lui avoir rapporté d’aussi mauvaises nouvelles. Ce dernier sortit de ses rêveries au moment où il apprit la mort de ses deux plus fidèles lieutenants. Il se rendit sur les lieux de cette vaine résistance et c’est là qu’il vit deux corps foudroyés sur le seuil de la porte.
- Je me nomme Janyskar, cria-t-il au rebelle, le chef de ces mercenaires. Sors sans créer de problèmes, et tu connaîtras les joies d’une mort rapide, sinon …
- Sinon quoi, tu oserais venir me chercher, ou bien as-tu peur de finir comme ces deux imprudents ?
Il est vrai que Janyskar ne souhaitait pas périr sous les coups d’un vulgaire lanceur de sorts, lui qui avait survécu à tant de combats, mené tant d’assauts, et tué tant de gens… Mais, inconsciemment, il était persuadé qu’il ne risquait rien. Il semblait attiré par cette voix étrangère mais terriblement familière à la fois. Il rentra donc dans la chaumière, contre l’avis de ses hommes qui ne voulaient pas voir leur seigneur tomber tel un fruit trop mûr. Mais il était le chef, et personne ne pouvait lui dicter ce qu’il devait faire. Sauf cette voix, pensa-t-il.
Il faisait sombre et humide à l’intérieur. Les volets étaient fermés et ne laissaient traverser que de fins rayons de lumière. Une odeur de moisissure empestait les lieux. Mais quel mage pouvait se terrer ici, songea Janyskar. Soudain, il apparut au milieu d’une nappe de brouillard . Le mercenaire sortit son impressionnante épée bâtarde de son fourreau et s’avança vers la silhouette.
- Tes tours de passe-passe ne m’impressionnent pas. Maintenant, prépare toi à recevoir une mort longue et douloureuse. On ne tue pas impunément mes hommes.
- Tu auras tout le temps de me tuer ensuite, mais avant la moindre des politesses serait que tu me remercies.
- Quoi, et pourquoi donc ?
Janyskar tomba des nues. Lui qui avait l’habitude qu’on le supplie pour ne pas achever ses vicitmes ne savait plus comment réagir.
- Mais oui, mon cher, ne trouvais-tu point tes deux fidèles lieutenants distants de toi ces derniers temps ? Ne ce sont-ils pas éloignés de tes convictions ?…Ne t’auraient-ils pas égorgé pour prendre ta place ?… Ce soir, porterais-tu encore ta tête sur tes larges épaules ?
Janyskar se pétrifia. Tout devenait clair dans son esprit. C’était donc ça leurs longues discussions : des complots. Et il a fallu ce mage pour que tout se dévoile !
- Attends deux minutes, tu me connais mieux sous une autre apparence. »
A ces mots, la silhouette se nimba d’un nuage sombre. Après qu’il se soit dissipé, il reconnut cette jeune femme qui l’avait contacté il y a de cela dix ans. Il n’était alors que simple soldat au sein d’une autre compagnie de mercenaires, et grâce à ses conseils, il était parvenu à créer sa propre troupe. Il fut surpris de la revoir, comme si elle faisait partie d’un rêve.
« Je sais que tu me reconnais, tu n’as pas pu m’oublier malgré toutes ces longues années. Je vois que tu as pris du grade depuis. C’est bien… Au fait, n’as-tu pas remarqué que, depuis notre dernière rencontre, tu étais constamment suivi, épié dans le moindre de tes gestes ? Non, bien sûr, je sais rester discrète… »
Elle se tenait là, et le regardait droit dans les yeux, un sourire cynique se dessinant sur ses lèvres au moment où elle se tût, en attendant la réaction du guerrier. Un voile de pénombre l’enveloppait et faisait ressortir ses deux yeux étincelant de malice, et laissait entrevoir à Janyskar des rêves de puissance et de conquêtes. Bien que fasciné par ces deux gemmes, il se rendait compte du contenu des paroles que venait de lui sortir cette créature : comment lui, le grand Janyskar, avait pu être manipulé de la sorte. Et par une femme qui plus est ! Non, ce ne peut être une femme, ce ne peut être qu’un…
« Dragon, c’est peut-être le mot que tu cherches non ? Effectivement mon cher, je suis un ailé. Cela fait maintenant dix de tes années que je t’observe, veillant sur ton corps comme ton ombre. Mais ne t’inquiète pas, je ne t’ai pas, durant cette décennie de carnage, influencé de quelques sortes que ce soit. Je me contentais de t’observer, en silence. »
Ce n’était que partiellement vrai. Il avait été un piont invisible de Kalimsshar, par l’intermédiaire de Saskinac’h, mais ça, le fier mercenaire ne devait le savoir. Il devait en revanche, continuer à croire qu’il était le maître de sa vie, que le destin était un mot réservé aux faibles et aux lâches. Et c’était mieux ainsi, il n’en était que plus influençable.
Le guerrier restait figé face à cette magnifique femme. Que devait-il faire ? L’espace d’un instant, il eut envie de se jeter sur elle, laisser éclater sa haine et sa colère, lui faire ravaler son insolence car même un ailé ne pouvait se permettre de lui parler sur ce ton. Mais à quoi bon ! Elle était terriblement plus puissante que lui, il ne saurait lutter. Non, une alliance ou quelques choses de la sorte serait beaucoup plus profitable.
« Tu as eu raison de réfréner tes pulsions, c’est beaucoup plus sage de ta part. Mets-les de cotés pour la suite des événements, je t’ai préparé une surprise. Mais chaque chose en son temps. En effet, tu crois savoir de quoi je suis capable, mais je ne t’ai encore rien montré. De même, je ne t’ai offert qu’une infime partie des nombreux services que je pouvais t’apporter. Imagine, ne serait ce qu’une seconde ce que tu pourrais devenir… C’est intéressant, n’est-ce pas ? Alors réponds à cette question car tu le seul maître de ta réponse : Veux tu devenir mon élu ? »
Janyskar ne savait quoi dire. Tout était si rapide, si brusque. Et si ce qu’elle disait était vrai, il pourrait devenir le nouveau maître de Cormande et même plus peut-être. Mais c’était un dragon de l’ombre, et rien n’était gratuit.
« Que tirerais-tu de cette union ? Que devrais-je t’apporter ?Je sais que toi et ton sombre maître n’offrez jamais rien !
- Nous serons comme un couple, mon cher, nous nous aiderons mutuellement , lui murmura-t-elle en se rapprochant de lui. Tu sais pertinemment que je suis soumis comme tout les ailés aux édits draconiques et que, de ce fait, je ne peux faire ce que bon me semblent avec tes congénères. Tu n’auras qu’à continuer ce que tu as si brillamment commencé. Rien de plus, rien de moins. Alors ne fait donc point languir plus longtemps mon cher, et réponds moi en pensant à tout se qui s’ouvre à toi.
- Et bien, c’est tout réfléchi. Je ne vois pas pourquoi je mettrais un terme à une si brillante association. »
Elle esquissa une sorte de sourire , et à ce moment là, Janyskar perdit de sa superbe et se mit à douter. Il état lié à vie avec cette créature et ne pourrait jamais revenir sur sa décision. Mais tant de choses s’ouvrait à lui désormais. Il commençait même à sentir de nouveaux pouvoirs parcourir son corps. Il en était sûr, il deviendrait d’ici peu le chef incontesté de la région. Rien, ni personne, ne lui résisterait.
« Mais au fait, ma chère, quel est ton nom, pour savoir qui je dois remercier ?
- Tu n’as à remercier personne en fait. Tout ce qui t’arrive, c’est à toi que tu le dois. Et pour ce qui est de mon nom, cela viendra en temps voulu. De toute façon, nous sommes indéfectiblement liés, tu n’auras qu’à penser à moi si jamais tu as besoin de mes conseils. »
Saskinac’h semblait s’amuser à manipuler cet esprit si faible. Il avait beau exceller dans l’art de la guerre, ou plutôt, soyons honnête, dans celui des techniques de razzias et de guérillas, il n’avait pas une once de jugeote.
« Mais dis moi, très chère, devais tu réellement tuer mes deux lieutenants ? Ne pouvais-tu pas me prévenir de leur félonie ? Je me serais délecté de les tuer de mes propres mains.
- Certes, tu te serais amusé. Cela aurait duré quelques heures vu ton talent pour les fins longues et douloureuses, et cela aurait raffermit la discipline dans ta troupe pour un certain temps. Mais à terme, le doute se serait insinué en eux et ils comploteraient tous contre toi. En revanche, lorsque tu sortiras de cette chaumière vivant, ils te considéreront comme un grand chef de guerre car tu auras vaincu seul un terrible mage. Ton emprise sur eux sera alors totale. Ils s’imagineront toutes sortes de choses, te voyant commettre les pires sauvageries et ne voudront jamais découvrir ce coté de ta personnalité. N’oublie jamais, l’imaginaire est toujours pire que la réalité.
- C’est bien joli tout ça, mais je vais sortir d’ici comme je suis entré, sans preuve à montrer à mes hommes ?
- Nous voici à la surprise. Regarde derrière toi, dans le coin. Oui, c’est ça. Ne fait-il pas un puissant mage ? »
Janyskar remarqua un homme dans le coin de la chaumière, recroquevillé sur lui-même et sanglotant en silence. Il était terrifié et le mercenaire se délectait de cette sensation. Un rictus se dessina sur son visage et n’hésita pas une seconde. Il ne remarqua pas la disparition de sa ‘compagne’ tellement il était occupé à dépecer sa victime. Après cet accès de rage meurtrière qui le couvrit d’un sang rouge vif, il sortit …
« Et dis donc, tu crois pas qu’il est mort aussi le chef ?
- Dis pas n’importe quoi Badisnan. Tu sais bien qu’il ne peut mourir, enfin pas comme ça, enfin, je crois. Et puis merde quoi, ta gueule vieux, tu me fais douter, et comme dis le chef, un homme qui doute est presque mort.
- Ouaih, mais là, ça fait déjà un bon p’tit moment qu’il est à l’intérieur. Et puis, je me demandais qui serait le nouveau… »
… tenant dans sa main la tête défigurée du puissant mage.
